Plus de 79000 incendies ont été enregistrés dans la forêt amazonienne depuis le début de l'année 2019. Une catastrophe qui menace la biodiversité mais aussi les centaines d'ethnies qui vivent au cœur de la forêt, comme les Karitiana. Rencontre avec une réserve indigène et surtout avec leur musique.
Direction le Brésil, plus précisément dans la forêt amazonienne, une zone menacée par des incendies : plus de 79 000 enregistrés depuis le début de l’année… Et on va plonger au cœur de la forêt, à une centaine de kilomètres de Porto Velho, capitale de l’état du Rondonia où les habitants souffrent des incendies, notamment au niveau de leur santé puisqu’il vivent comme dans un brouillard toxique.
Si l'on sort de la ville et que l'on prend la route BR 364, puis une plus petite route, on tombe sur la communauté indigène Karitiana. Dans un disque intitulé Chants du renouveau de la tradition on peut entendre la voix de Cizino Karitiana, dernier chaman de cette communauté.
Une communauté qui a failli s'éteindre, dans les années 50. D’après leur histoire, c’est le contact avec les blancs qui a provoqué un déclin brutal de leur population jusqu’à un point très critique où ils n’étaient plus assez nombreux pour survivre. La communauté a donc trouvé deux solutions : la fusion avec une autre ethnie indigène, les Capivari. Et, tout simplement, l’un des chefs des Karitiana a épousé 7 ou 10 femmes (ça varie selon les versions). Radical mais efficace.
Les femmes Karitiana
En parlant de femmes, sur ce même disque on peut entendre des musiciennes Karitiana enregistrées dans une mélodie intitulée ‘J’ai été au bout du chemin des chasseurs’, elle est jouée par des femmes Karitiana sur un pilon. Et toujours sur ce disque, on y trouve aussi une musique composée par la mère du chaman, un chant intitulé “Yosedna Kom” qui veut dire ‘je suis heureux’ …
En août cette année, les femmes indigènes ont donné de la voix mais dans un tout autre contexte. Plus de 2500 représentantes de 130 peuples autochtones ont protesté à Brasilia contre le président Jair Bolsonaro. C’est la première fois qu’un tel rassemblement est organisé et les femmes indigènes avaient un message clair : dire stop aux politiques génocidaires du président brésilien.
Une communauté menacée
Un événement lié aux incendies qui ravagent la forêt amazonienne depuis le début de l’année car leur principale revendication est territoriale : les indigènes veulent des terres délimitées et donc protégées de l’exploration minière, du braconnage et de la déforestation massive. Et cette déforestation qui est à l’origine des feux qui détruisent aujourd’hui la biodiversité, les animaux, et les lieux habités par quelques 600 ethnies en Amazonie, des lieux peuplés d’histoires, d’esprits, de cultures et de musiques…
e journaliste Matthieu Mondoloni a été envoyé au Brésil où il a rencontré la communauté des Karitiana et tendu son micro à Valdemar Karitiana, Pitana Karitiana de son nom d’indigène, qui lui a chanté un chant traditionnel… Un chant de paix : le petit-fils du chanteur a expliqué au journaliste que cette chanson est interprétée si quelqu’un nous menace, veut nous faire du mal et donc pour lui faire changer d’avis, il faut chanter, le laisser écouter les paroles, la mélodie pour qu’il se ravise.
L'équipe
- Production