Germaine Tailleferre et "Ascenseur pour l'échafaud" : le rendez-vous manqué

Quand Louis Malle tourne son premier film Ascenseur pour l’échafaud, il appelle la compositrice française pour lui proposer d’écrire la bande originale, proposition que Germaine Tailleferre accepte sur le champ.

Mais une nuit de décembre 1957 Miles Davis est de passage à Paris. Il se retrouve avec son ami Boris Vian dans le studio où travaille Louis Malle. Le cinéaste leur montre ce qu’il a tourné. Face à ces images, le trompettiste passe la nuit à improviser. Une musique enregistrée qui deviendra la bande son du film, une des plus célèbres du monde du cinéma.

Germaine Tailleferre s’accroche. D’autant qu’en cette année 1957, la compositrice a d’autres engagements, notamment au comité des programmes de la radio-télévision française. L’institution lui commande d’ailleurs une œuvre : ce sera la Petite Suite pour orchestre.

Et puis ce n’est pas le premier rdv manqué pour Germaine Tailleferre. Déjà dans les années 20, elle aurait pu devenir la compositrice officielle des films de Charlie Chaplin… Après son mariage avec le caricaturiste américain Ralph Barton, elle quitte Paris et tout le milieu artistique dans lequel elle commençait à se faire une place de choix.

L'autre rendez-vous manqué

Aux Etats-Unis elle rencontre l’acteur au chapeau melon et se lie d’amitié avec lui. Lui est en pleine préparation de son prochain film : Le Cirque et fait appel à ses talents de musicienne. Germaine Tailleferre témoigne de cette collaboration en ces mots :

"On cherchait ensemble les thèmes. Il aurait voulu qu’après son divorces, nous repartions pour Hollywood afin d’écrire ensemble cette partition. Ce projet m’éblouissait mais j’oubliais qu’étant mariée, une jeune femme n’est jamais libre.”

Son mari jaloux et violent lui enlève tout espoir de briller aux Etats-Unis. Le couple rentre en France, divorce, et Germaine Tailleferre continuera toute sa vie à faire entendre sa musique, à composer, créer, sans jamais vraiment se retrouver dans la lumière.