L'audacieuse compositrice bretonne Rita Strohl et sa sonate dramatique

La Bretagne peut être fière d’avoir une personnalité musicale comme Rita Strohl. Compositrice prolifique, elle va autant s’attaquer au répertoire de musique de chambre, qu’à la mélodie ou aux formes symphoniques. La musicienne va aussi signer des livrets d’opéra et fonder une sorte de mini Bayreuth à la française dans l’Essonne. Mais la grande majorité de ses œuvres reste inaccessible. Pourtant, à l’écoute de ce qui existe et a été enregistré, on ne peut que vouloir en écouter plus.

Compositrice prolifique et rebelle

Jeune fille, Rita Strohl est dotée d’un fort tempérament. Au Conservatoire par exemple, elle décide que la méthode d’enseignement du solfège est bien trop ennuyeuse et va donc proposer un enseignement propre qui sera ensuite partagé par les autres élèves de sa classe. Rebelle et audacieuse, elle va aussi jouer sa musique lors des concours de piano de fin d’année.

La composition arrive donc assez tôt dans sa vie, elle prend des cours particuliers et très vite sa musique est jouée, notamment un de ses trios et puis sa messe à six voix pour orchestre et orgue jouée à Chartres et à Rennes en 1885. Rita Strohl a seulement 20 ans, et une carrière prometteuse devant elle…

Une carrière saluée par quelques noms, et pas des moindres, de l’époque comme Gabriel Fauré, Vincent d’Indy, Ernest Chausson ou Camille Saint Saëns qui va accepter de diriger une de ses œuvres.

Où sont les oeuvres symphoniques de Rita Strohl ?

Dans le catalogue de Rita Strohl il y a de nombreuses pièces pour orchestre, comme une symphonie de la forêt, jugée un peu trop moderne pour l’époque ou une symphonie de la mer écrite pour deux orchestres. Mais toutes ces partitions ne sont pas encore ressorties, éditées, et donc on doit se contenter, et c’est déjà très bien, des musiques enregistrées, comme sa sonate pour piano et violoncelle intitulée Titus et Bérénice.

“Je m’agite, je cours, languissante, abattue. La forme m’abandonne et le repos me tue”. Voici le vers inscrit avant le 3e mouvement de la sonate de Rita Strohl. Un extrait de Bérénice du dramaturge et poète français que la compositrice choisit d’honorer dans tout le déroulé de sa sonate dramatique.

Dans le premier mouvement, la compositrice s'inspire des tourments de Titus. Avec le deuxième mouvement, on se retrouve dans les appartements de Bérénice avec les danses et les chants des femmes qui cherchent à la distraire. Le 3e mouvement est donc celui qui décrit le désarroi de Bérénice et enfin, la sonate se termine avec la séparation tragique des amants...

Si l'on peut savourer l'immense talent de cette compositrice grâce aux enregistrements de cette sonate, reste encore à ressortir les autres partitions pour qu'enfin son nom s'inscrive dans l'histoire de la musique classique comme celui d'une compositrice majeure.