La grève des sardinières de Douarnenez en chansons

Au début du 20e siècle dans une cour, des sardinières posent. Certaines tricotent. A l'arrière-plan, la mer.
Au début du 20e siècle dans une cour, des sardinières posent. Certaines tricotent. A l'arrière-plan, la mer. - Collection musée de Bretagne / Editions Plouhinec
Au début du 20e siècle dans une cour, des sardinières posent. Certaines tricotent. A l'arrière-plan, la mer. - Collection musée de Bretagne / Editions Plouhinec
Au début du 20e siècle dans une cour, des sardinières posent. Certaines tricotent. A l'arrière-plan, la mer. - Collection musée de Bretagne / Editions Plouhinec
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Le 20 novembre 1924 à Douarnenez, en Bretagne, une grève débute dans les conserveries de sardines, grève menée par les sardinières, des ouvrières qui travaillent dans ces usines et réclament une augmentation de salaire. Pendant 46 jours, la lutte va mobiliser toute la ville, et se fera en chansons.

Le 20 novembre 1924 à Douarnenez en Bretagne, une grève paralyse les usines de sardines, une grève menée par les femmes. Depuis le milieu du XIXe siècle, Douarnenez est une ville industrielle. Dans les années 20, elle compte 21 conserverie de sardines, des usines où les femmes s’occupent de frire et mettre en boîte les sardines fraîchement pêchées. 

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Mais ce travail est très mal rémunéré : les sardinières perçoivent entre 80 centimes et 1,30 franc de l’heure. Elles sont dans les usines plus de 70 heures par semaine, et il n’existe aucune prise en compte du travail de nuit et des heures supplémentaires. En novembre 1924, les ouvrières se mettent en grève et réclament une augmentation de salaire.

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Ce mouvement prend une ampleur inespérée : les marins aussi se mettent en grève pour les soutenir, puis tous les ouvriers de la ville, enfin le maire, communiste, prend parti et se met du côté des sardinières. Un comité de grève est organisé, des rassemblements réunissent des milliers de grévistes. 

Penn Sardin : les têtes de sardine

La vie à Douarnenez est rythmée par la lutte de celles qu’on appelle alors les Penn Sardin qui veut dire ‘têtes de sardine’ en breton en raison de la coiffe qu’elles portent dans les usines. Mais la vie est aussi rythmée par les chants révolutionnaires entamés depuis le début de la grève. 

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L’un des plus populaires alors, avec l’Internationale, s’appelle Saluez riches heureux. Il ne parle pas directement du combat des sardinières : aucune mention de la Bretagne, de Douarnenez ou des usines de conserverie, mais symboliquement il représente la lutte qui se joue alors entre les riches patrons et ces ouvrières qui vivent dans des conditions misérables et n’ont aucune reconnaissance de leur travail. 

L'ambiance en chansons dans les usines

Ce goût pour la musique vient de l’ambiance dans les usines : les femmes, pour tenir le rythme effréné et se soutenir, entament ensemble des chants, légers, des chansons d’amour ou grivoises… A partir de décembre 1924, la lutte de ces courageuses Penn sardines devient un enjeu national. Le contexte enflamme le combat puisqu’il ne s’agit plus seulement d’une lutte ouvrière contre le patronat : c’est aussi une lutte politique. 

Deux ans avant le début de la grève, Douarnenez devient la première municipalité communiste de France. Au moment des grandes grèves, c’est Daniel Le Flanchec qui est fraîchement élu à la mairie. Son soutien aux sardinières va lui valoir une suspension de ses fonctions puis un attentat raté, le soir du nouvel an. Trois jours après le journal l’Humanité titre : "À Douarnenez, première flaque de sang fasciste”. 

La Une du journal L'Humanité quelques jours après l'attentat raté contre le maire.
La Une du journal L'Humanité quelques jours après l'attentat raté contre le maire.
- L'Humanité

La ville s’organise pour tenir : des soupes populaires se mettent en place, un Noël pour les enfants est arrangé, le tout financé à la fois par la ville mais aussi des soutiens de toute la France et des producteurs locaux qui sont du côté de cette lutte. 

Victoire pour les sardinières

Après 46 jours de grève où malgré la faim, la violence et la pression, les sardinières n’ont rien lâché, le conflit se résout le 8 janvier 1925. Une augmentation de salaire de 20 centimes est votée. Les sardinières se sont battues et elles ont gagné. 

Pochette du disque autour des chants des sardinières
Pochette du disque autour des chants des sardinières
- Le chant des sardinières

Cet épisode historique va marquer la région mais aussi toute la France et inspirer de nombreuses personnes comme le cinéaste Marc Rivière qui a sorti un film sur le sujet en 2003. Il existe aussi un disque dont on a entendu quelques extraits ce matin, disque de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière intitulé Le chant des sardinières, et puis une belle chanson interprétée par Les gabiers d'Artimon. 

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