La tradition musicale des femmes en Russie

Groupe de fermières en 1940 : quand les hommes sont au combat, les femmes travaillent
Groupe de fermières en 1940 : quand les hommes sont au combat, les femmes travaillent ©Getty -  Sovfoto
Groupe de fermières en 1940 : quand les hommes sont au combat, les femmes travaillent ©Getty - Sovfoto
Groupe de fermières en 1940 : quand les hommes sont au combat, les femmes travaillent ©Getty - Sovfoto
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Le 26 décembre 1991 correspond à la date officielle de l’effondrement de l’URSS. Cap donc sur la Russie, pays où la tradition musicale s'est longtemps conjuguée au féminin.

La Russie est une terre de musiques et de grands compositeurs, mais aussi de quelques grandes compositrices, moins nombreuses… Paradoxe car si on se plonge dans les traditions musicales du pays, on retrouve énormément de chants composés et interprétés par les femmes. 

Mais il y a une explication : la Russie est un territoire tellement vaste que dans chaque région on retrouve une forte identité, et une forte culture. Or dans ces régions, les personnes les plus susceptibles de perpétuer ces traditions étaient les femmes… Les hommes eux étaient très occupés à aller faire la guerre. 

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Les chants de recrutement

Il existe d'ailleurs des chants qui illustrent le départ à la guerre dans la tradition russe, on les appelle chants de recrutement. Par exemple, dans le petit village appelé Kiéba un chant raconte : “Aujourd’hui je pleure car mon bien-aimé s’en va. Il s’en va aux armées, il part pour la guerre”. 

Dès lors que ça parle de pleurs, on ne va pas échapper aux lamentations.. On dit que la musique est universelle : il faut bien croire que les lamentations se retrouvent dans beaucoup de cultures. En Russie donc, les lamentations figurent dans les chants de recrutement, de funérailles et les chants de noces pour dire adieu à sa famille.

Le mariage et les pleureuses

Si les musiques sont parfois différentes dans l'ensemble du territoire, la tradition du mariage, elle, est commune dans tout le pays : la future mariée doit montrer sa tristesse et pleurer allègrement jusqu’au départ du cortège où là, elle ne doit plus verser la moindre larme, mais ce sont aux pleureuses professionnelles de prendre le relais et de proposer ces improvisations chantées. 

La tradition musicale russe est très portée sur la voix, la polyphonie, on sait maintenant d’où ça vient… Mais il ne faut pas négliger la présence et l’importance des instruments de musique traditionnels dans le monde paysan. Il y en a d’ailleurs tellement que je fais le choix délibéré de ne parler que d’un seul, l’instrument de musique des femmes, la kougikly. 

Cette flûte de Pan est jouée principalement dans le sud du pays. La musicienne souffle mais chante en même temps. Les musiques sont souvent jouées à plusieurs, ce qui donne un effet où l'on n’arrive plus à distinguer la voix du son de la flûte. 

Enfin, il existe des chants traditionnels qui reflètent la violence dont sont victimes les femmes dans ce pays, comme un qui s’intitule : Les beaux yeux bruns qui m’ont tuée. Là-dessus, la Russie qui avait fait preuve de grandes avancées sur l’égalité des droits entre les hommes et les femmes après la Révolution de 1917, n’a pas arrêté de faire marche arrière sur cette question. Aujourd’hui, c’est un pays où les violences faites aux femmes ne sont même plus perçues comme un problème. Elles sont 8000 à mourir chaque année sous les coups de leur conjoint. 

Programmation musicale

  • 09h50
    Felice fu quel dì
    Felice fu quel dì
    Marchetto Cara (Compositeur)
    Felice fu quel dì

    Nella Anfuso (Soprano), Terence Waterhouse (Luth)

    Album Le chant à la cour d'Isabelle d'Este (1474-1539)
    Label CENTRO STUDI RINASCIMENTO MUSICALE (SN 8802)
  • 09h54
    La Chronique d'Aliette de Laleu
    La Chronique d'Aliette de Laleu

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