Au cœur de l'Algérie, dans la région du Gourara, certaines femmes se réunissent pour chanter un répertoire traditionnel appelé tagerrabt. Dans un court-métrage diffusé par la 3e scène de l'Opéra National de Paris, le réalisateur algérien Karim Moussaoui est allé rencontré et enregistré ces femmes.
Le Gourara est au cœur de l’Algérie, en plein centre, dans une province formée d’oasis et où l’on parle le zénète, une langue berbère. Dans cette région, il existe deux formes musicales encore jouées aujourd’hui : le tagerrabt et l’ahellil.
L'ahellil est une musique de tradition zénète, polyphonique, jouée lors de cérémonies publiques, souvent à l’occasion de fêtes religieuses. Ce chant est pratiqué en cercle, debout, épaules contre épaules, le soliste se place au milieu, avec un flûtiste et un joueur de tambour. A l’origine, ce répertoire est mixte, mais depuis quelques décennies, l’utilisation des textes sacrés exclut de plus en plus les femmes de cette pratique musicale. Lors de ces soirées on chante l’amour, la religion et la vie quotidienne…
La version féminine d'un répertoire traditionnel
Il existe une autre version de ce répertoire, davantage porté par les femmes et avec quelques différences par rapport à l’ahellil : le tagerrabt. C’est une musique pratiquée toujours en cercle mais assise, un peu plus rythmé et la flûte est remplacée ici par un bingri, un luth à 2 cordes. Cette fois, ces chants sont interprétés dans un cadre privé, le cadre familial pour différentes occasions, mais surtout des fêtes ou des moments forts à fêter. Dans la tradition propre à la région du Gourara, ce sont les femmes qui auraient interprétées ces chants pendant des siècles, avant que les hommes aussi s’y mettent.
Une hypothèse que confirme le court-métrage sorti fin septembre sur la 3e Scène de l’Opéra National de Paris, disponible aussi au cinéma dans le film Celles qui chantent, film qui met en lien quatre court-métrages. Dans Les Divas de tagerrabt, le réalisateur algérien Karim Moussaoui s'est inspiré d’une scène d’un autre film, La Nouba des femmes du Mont Chenoua, où l’on voit des femmes chanter dans une grotte, et il a voulu les retrouver.
Capter la voix des femmes du Gourara
Pour cela il s’est rendu dans la région du Gourara, autour de la ville de Timimoun et a retrouvé celles qui chantent le répertoire propre à cette région algérienne.
La scène est une reconstitution mais elle donne tout de même un aperçu de ce à quoi peut ressembler une cérémonie autour du tagerrabt dans cette région. On peut voir des femmes assises en cercle dans une grotte, toutes habillés en blanc et en couleurs, elles frappent dans leurs mains, sur des pierres et elles chantent en polyphonie.
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Derrière la beauté de ce chant capté par Karim Moussaoui et son équipe, il y a une réflexion politique : le cinéaste parle au début de son film de l’opéra offert par la Chine à la ville d’Alger, une structure de 1400 places. Et le réalisateur de s’interroger : quelle est la place de cet opéra dans un pays comme l’Algérie ? Et qu’est-ce que l’opéra en Algérie ? Pour y répondre il va chercher ce qui pour lui se rapproche le plus de cet art : et la réponse et bien c’est ce rituel porté par des femmes, habillées en vêtements traditionnels, mises en scène dans un répertoire propre au pays, et dans un lieu exceptionnel : une grotte.
La voix des femmes du Gourara en vidéo
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Laâli Limam zawiya ; Laïlahi yallah mulana et A Salat alik a zina la mama [enregistrements sonores] / Extraits de la collection : La musique du Gourara : Ahellil et Tagerrabt. Collectrice : Cécile Funke. Algérie - région du Gourara, 2002.
Provenance : « Archives sonores du CNRS - Musée de l’Homme », gérées par le Centre de Recherche en Ethnomusicologie (Lesc UMR 7186, CNRS - Université Paris Nanterre) avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication
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