Le Haut-Karabagh en musique, en chant, en lamentations

La pochette du disque sorti chez Silex : "Haut-Karabagh, Musiques du front"
La pochette du disque sorti chez Silex : "Haut-Karabagh, Musiques du front" - Label Silex
La pochette du disque sorti chez Silex : "Haut-Karabagh, Musiques du front" - Label Silex
La pochette du disque sorti chez Silex : "Haut-Karabagh, Musiques du front" - Label Silex
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Tandis qu'un accord de cessez-le-feu a été décrété au Haut-Karabakh, des centaines de personnes manifestent à Erevan pour dénoncer la victoire militaire de l’Azerbaïdjan dans ce conflit. Un conflit immortalisé dans les années 90 dans un enregistrement puissant : "Haut-Karabagh, Musiques du front".

Depuis plus d’un mois, le Haut-Karabagh, région de la taille du Luxembourg, subit une montée de violences entre l’armée d’Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens. Le Haut-Karabakh s’est autoproclamé République indépendante dans les années 90 après une guerre qui a fait plus de 30 000 morts et c’est cette sombre période que retrace le disque à l'honneur de cette chronique : Haut-Karabagh : Musiques du front, édité par le label Silex. 

Lamentation et messe orthodoxe

L'album débute avec une lamentation enregistrée en 1993 dans le cimetière de la capitale du Haut-Karabagh : Stepanakert. Dans le livret écrit par Richard Hayon, qui a aussi effectué les enregistrements, il est écrit que c’est la première fois depuis quatre ans que les habitants de la ville peuvent se rendre dans un cimetière pour pleurer leurs morts sans peur des bombardements. Il enregistre alors une femme qui se lamente sur la tombe de son fils mort au combat.

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Un peu plus loin dans un autre village, un village du front, se tient une messe orthodoxe pour Pâques, événement qui n’avait pas été célébré depuis des décennies dans la région. Faute d’église, bombardée pendant les attaques, le village se réunit dans l’Opéra de la ville pour chanter. 

Raconter la guerre en musique

Le disque prend aux tripes parce qu’il raconte la guerre dans ce qu’il peut y avoir de plus banal et de plus fatal : un toast porté par un célèbre commandant, le commandant Avo, qui sera tué quelques mois plus tard, une femme qui pleure un mari disparu sur les ruines de sa maison, et cette fillette de 10 ans, qui au milieu de l’horreur, parvient à presque à faire oublier le bruit des explosions que l'on entend au loin. 

Dans cette chanson, la jeune Mara dit que "la vie continue". Dans ces contextes de conflits, difficile d'imaginer la vie qui se poursuit alors dans ses enregistrements, Richard Hayon a pris soin de ne pas capter seulement la tristesse et l’horreur. Il a posé son micro au milieu d’un petit ensemble musical clarinette - doudouk et dahoul le temps de quelques notes un peu plus joyeuses dans un titre : Kotchari

Ocora Couleurs du monde
1h 30

30 ans plus tard, un nouveau cessez-le-feu

L’année de ces enregistrements, un cessez-le-feu a été proclamé laissant un peu de répit à ce territoire abîmé. Près de 30 ans plus tard, l’histoire se rejoue mais avec un autre dénouement puisqu’un cessez-le-feu a été prononcé donnant cette fois la victoire à l’Azerbaïdjan ce qui déclenche de vives protestations côté arménien. 

En effet, Haut-Karabagh est imprégné de culture arménienne, dans le disque de Richard Hayon, la plupart des chants sont patriotiques et vantent une certaine appartenance à l’Arménie : “Arméniens, rassemblez-vous, l’Artsakh [nom donné à la république indépendante] vous appelle à l’aide. La terre des courageux nous attend. On a donné aux Turcs la terre de nos ancêtres. Elle doit nous revenir”. Ce sont les paroles d'une des chansons enregistrées , paroles qui résonnent fort avec l’actualité puisque la Turquie dans ce conflit soutient l’Azerbaïdjan.

Les chants qui peuplent ce disque sont parfois nourris d'espoir comme celui au titre pourtant peu optimiste : 'Les jours tristes" qui dit : "Les jours tristes, comme l’hiver, viennent et s’en vont. Il ne faut pas désespérer, ils se terminent, s’en vont, reviennent, c’est l’ordre de la nature.” 

Pour écouter le disque

Le disque Haut-Karabagh : Musiques du front a été publié en 1994 par le label Silex. Il n'est plus édité depuis mais disponible à l'écoute sur le site de Jean-Jacques Birgé qui a assuré la direction artistique de ce disque. 

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2 min

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