Jusque dans les années 1930, le Bahreïn était réputé pour sa pêche aux perles. Cette tradition ancestrale exigeait un périple de 28 jours en mer. L'occasion pour l'équipage de se divertir, de prier et de rythmer le travail à bord avec des chants.
Bahreïn est situé au coeur du golfe Persique. Cette situation géographique fait qu’avant les années 1930, environ 90% de la population exerçait un métier en lien avec la mer. Il existe donc dans ce pays un répertoire traditionnel lié à la mer appelé fidjeri. Et parmi ce répertoire il y a les chants interprétés par les pêcheurs de perle.
C’est une tradition ancestrale qui permet aux pêcheurs de mieux supporter le périple de 28 jours. Dans chaque bateau, il y a donc un capitaine, des plongeurs, des saïbs qui aident les plongeurs et un ou plusieurs nahams.
Un répertoire précis mené par les nahams
Ces derniers sont engagés pour chanter, et ils respectent un répertoire précis. Chaque étape de la pêche possède son chant. Il y a un chant pour ramer et sortir du port, un autre pour hisser la voile, encore un au moment où les plongeurs se jettent à l’eau, un exercice périlleux puisqu’ils plongent jusqu’à 20 mètres de profondeur, avec un simple pince nez, le naham entame un chant pour l’ouverture des huîtres et au tout début pour lever l’ancre.
Le soliste est accompagné par l’équipage qui fait office de chœur. La plupart des chants sont soutenus par un bourdon dans l’extrême grave. Parfois le soliste et le chœur se répondent, parfois ils s’arrêtent et expirent bruyamment, cette pause musicale correspond à une pause en pleine traction de l’ancre.
A chaque action, son chant
En fait la musique accompagne vraiment chaque tâche exécuté sur le bateau. D’ailleurs dans la tradition, il y a un groupe au travail, un autre au repos mais pas vraiment puisque c’est ce groupe qui assure l’accompagnement musical du ou des nahams avec leurs voix, mais aussi leurs mains et des percussions.
La pêche à la perle au Bahreïn a été remplacée par la course au pétrole dans les années 30 après la découverte de nombreux gisements. Avant cela en période de grande saison pour la perle, on comptait plus de 1000 bateaux au départ de cette fameuse pêche. Puis les chiffres ont diminué jusqu’à atteindre quelques dizaines de départs comptés dans les années 80.
Chants de travail et chants d'amour
Le répertoire a été sauvé, notamment parce qu’il était chanté sur terre dans des maisons spécifiques qui accueillaient chanteurs et musiciens, c’est d’ailleurs dans ces lieux que les enregistrements ont été effectués d’où l’absence de bruits de bateaux et de vague.
Sur le bateau, la tradition musicale permettait certes de rythmer le travail, mais permettait aussi de prier, de s’évader ou de partager ses états d’âme à travers des chansons d'amour comme une qui dit : “A toi je me plains de la détresse qui remplit mon cœur. Si tu m’interroges j’ai pleuré… j’ai pleuré…”
A voir, le documentaire Les chants des pêcheurs de perle par Georges Luneau :
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Références discographiques
Bahrein/Fidjjeri: chants des pêcheurs de perles, label Unesco.
Anthologie musicale de la péninsule arabique / Vol. 2 : Musique des pêcheurs de perle, label VDE-GALLO.
Bahreïn et Shardja : Pêcheurs de perles et musiciens du golfe persique, label Ocora.
L'équipe
- Production