

La chanteuse Luzmila Carpio vient d'un petit village en Bolivie, Qala Quala, perché à plus de 3 000 mètres d'altitude. Sa voix a fait le tour du monde, ce qui lui a permis d'adresser de nombreux messages, notamment aux femmes, et de partager la culture quechua.
Ce week-end devait débuter en Bolivie le carnaval d’Oruro, annulé à cause du Covid... Dans cette ville au début des années 1960, une jeune fille fait ses débuts à la radio.. Elle s’appelle Luzmila Carpio et elle ne parle pas un mot d’espagnol puisqu’elle a grandi dans un village haut perché, à 3000m d’altitude, un village du nom de Qala Qala.
Elle tente une audition pour une émission qui cherche des voix d’enfants et se fait recaler. La raison ? Elle chante en quechua or les discriminations envers les populations incas sont très fortes à ce moment-là. Mais elle retente sa chance dans une autre radio, en apprenant l’hymne bolivien et en espagnol cette fois, et là, sa voix ne passe pas inaperçu.
Chanter les chants de sa mère
Un pianiste non-voyant la prend sous son aile et lui fait apprendre de nombreuses chansons espagnoles. Elle rencontre alors des groupes qui lui proposent de venir chanter pour eux. Mais son rêve à elle, comme une promesse qu’elle se fait, c’est de porter haut et fort sa culture, avec sa voix, seule, et d'interpréter tous les chants qu’elle a appris de sa mère. C'est elle qui lui a appris la musique, mais aussi l'écoute.
Quand on grandit au milieu des montagnes, dans un village aussi isolé, accessible uniquement à dos d’âne, on apprend à vivre avec la nature, on la respecte, on lui parle, on la vénère. C’est aussi la base des cultures Aymara et Quechua. Et ça Luzmila Carpio veut le chanter.
La nature et les animaux au cœur de sa vie
La jeune femme se met à écrire sa musique, ses textes. Dans la plupart de ses chants, elle rend hommage dans des prières à des éléments naturels comme Illimani, une montagne située au-dessus de la ville de la Paz en Bolivie. Dans la culture inca, les vieux sages se réincarnent en montagnes. Ils guident et protègent les peuples.
On l’entend dans sa voix suraiguë, les oiseaux occupent une place centrale dans la vie de Luzmila Carpio. La chanteuse arrive à imiter le chant des oiseaux. Mais plus qu’une imitation, c’est une communication. Luzmila Carpio leur parle, comme elle parle aux plantes, aux fleurs, aux éléments naturels. Et elle le fait à travers son chant.
Tout ce qui brise le silence est une lutte.
Mais sa voix sert aussi à dénoncer, à lutter. Depuis le début, ses chants rendent visible une culture qui a été mise à mal voire détruite par les conquistadors. Dans les années 1980 elle est invitée à chanter à Paris, et elle se retrouve à la Maison de la radio dans le studio 106 pour un concert. Lors d’une interview, elle dit : “Tout ce qui brise le silence est une lutte. Quand on se tait on n’est pas vivant. Un peuple qui ne chante pas est un peuple mort.”
Une dizaine d’années après ce concert, tandis que la chanteuse est installée en France, l’Unicef lui demande d’enregistrer quatre albums de ses chansons et de chansons traditionnelles. Les cassettes de ces enregistrements, coordonnées et éditées par le label indépendant Almost Musique, seront envoyées et distribuées gratuitement en Bolivie pour valoriser la culture quechua et aymara.
Chanteuse et ambassadrice
En 2006, elle arrête la chanson : Luzmila Carpio est nommée ambassadrice de Bolivie en France. Un poste qu’elle occupe quatre ans avant de retourner à la musique et d’enregistrer un autre album Le chant de la terre et des étoiles avec des musiciens français. Ce sera sa première collaboration où l’on entend des instruments qui ne viennent pas de sa culture. C’est un choix de sa part, un projet artistique, présenté comme un oratorio inspiré du Grand Livre des Indiens Quechua sur des textes et une musique de Luzmila Carpio.
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