A Barcelone, la culture ne connait pas la crise

Le Grand théâtre du Liceu à Barcelone continue de proposer à son public différentes productions lyriques. C'est actuellement Otello de Verdi qui est à l'affiche de l'opéra de Barcelone
Le Grand théâtre du Liceu à Barcelone continue de proposer à son public différentes productions lyriques. C'est actuellement Otello de Verdi qui est à l'affiche de l'opéra de Barcelone ©AFP - LLUIS GENE
Le Grand théâtre du Liceu à Barcelone continue de proposer à son public différentes productions lyriques. C'est actuellement Otello de Verdi qui est à l'affiche de l'opéra de Barcelone ©AFP - LLUIS GENE
Le Grand théâtre du Liceu à Barcelone continue de proposer à son public différentes productions lyriques. C'est actuellement Otello de Verdi qui est à l'affiche de l'opéra de Barcelone ©AFP - LLUIS GENE
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Antoine Pecqueur est en direct de Barcelone, où il a pu assister à plusieurs concerts. L'Espagne est l'un des rares pays d'Europe à avoir fait le pari d'ouvrir les salles de spectacles et les musées, avec un protocole sanitaire strict et vient même d'organiser un concert-test avec 5000 personnes.

Le contraste est saisissant : alors qu’en France, les équipements culturels sont toujours à l’arrêt, pour l’instant sans perspective de réouverture, en Espagne les salles de spectacle, les musées sont ouverts. Antoine Pecqueur a ainsi pu assister à Barcelone à la première d’Otello de Verdi au Théâtre du Liceu ou encore à un récital du pianiste Daniil Trifonov dans la somptueuse salle du Palau de la Musica.
Le protocole sanitaire est strict : un siège doit rester vide entre chaque spectateur, et non pas entre chaque groupe de spectateurs, ce qui signifie une jauge de 50%. Les portes ouvrent une heure et demie avant le début des spectacles pour éviter tout engorgement du public, les sens de circulation sont clairement indiqués, et évidemment les bars ou les restaurants des salles ne sont pass ouverts. Et ce que l’on voit moins, mais qui est aussi très important, c’est que le système de traitement de l’air a parfois été entièrement remanié. C’est le cas au Liceu, où cet investissement a représenté près de 400 000 euros.

Pourquoi l’Espagne, contrairement à ses voisins européens, maintient-elle ses lieux de culture ouvert ?

Cela tient au modèle économique même de ces lieux : ils fonctionnent avec une plus grande partie de ressources propres contrairement en France ou en Allemagne. La billetterie a donc beaucoup plus d’importance, sans compter que les artistes espagnols ne bénéficient pas de système de protection sociale comme l’intermittence du spectacle en France. Et le monde culturel espagnol est aujourd’hui très fier de souligner qu’aucun cluster n’a été constaté dans une seule salle du pays. Ce samedi a également eu lieu à Barcelone un concert-test de rock, réunissant 5000 personnes debouts, avec tests PCR à l’entrée.
Selon Valenti Oviedo, le directeur du Liceu de Barcelone, il est aussi essentiel de maintenir les lieux culturels ouverts pour que le public ne s’habitue pas uniquement aux plateformes de streaming, comme Netflix.

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Le public est-il au rendez-vous ?

Ce qui est intéressant, c’est que le Liceu a justement réalisé une étude sur le public qui vient dans cette période de crise sanitaire. Les spectateurs qui achètent des billets à l’unité, hors abonnement, ont vingt ans de moins qu’avant la crise. Un nouveau public vient donc au spectacle. Cela tient à plusieurs raisons : c’est une génération qui a moins peur du virus et surtout qui veut sortir. Or, comme les bars et les restaurants de Barcelone ne sont ouverts qu’au déjeuner, le soir l’une des rares possibilités de distraction, ce sont justement les spectacles. Vont-ils maintenant rester fidèles aux lieux culturels une fois la crise sanitaire terminée ? C’est là tout l’enjeu.
Antoine Pecqueur s'adresse donc directement aux collaborateurs du ministère de la Culture en France de venir voir ici de l’autre côté des Pyrénées comment les lieux de spectacle fonctionnent. Cela pourrait peut-être leur donner des idées.

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