Antoine Pecqueur revient sur la dernière étude de l’Association française des orchestres, qui dresse un large état des lieux des phalanges françaises, permettant de mieux comprendre leur fonctionnement et les défis qui les attendent...
D’un point de vue de la programmation artistique, cette étude nous montre que les orchestres ne se limitent plus du tout à la seule interprétation d’œuvres symphoniques.
Imaginez que la musique de chambre représente désormais 20% en moyenne de la programmation des orchestres. On ne peut que s’en réjouir, tant la pratique chambriste est salutaire pour les musiciens, tant d’un point de vue musical bien sûr que de relations humaines entre les collègues. Et aussi pour les spectateurs, qui peuvent avoir ainsi un contact bien plus direct avec les membres de l’Orchestre.
Le jeune public occupe lui 13% de la programmation. Un pourcentage qui peut sembler faible, mais qui traduit surtout de grandes disparités entre des orchestres très engagés sur ce terrain et d’autres qui le sont clairement moins. En tout, ce sont 500 000 enfants qui sont concernés par les actions éducatives des orchestres français. Là où il y a encore un effort à faire, c’est en matière de musique contemporaine, avec sur les 8000 œuvres jouées par les orchestres, seulement 195 créations. Sans compter que les créations sont rarement données plusieurs fois et très peu reprises par d’autres orchestres.
D’un point de vue sociologique, que nous apprend cette étude sur les musiciens d’orchestres français ?
Tout d’abord leur moyenne d’âge, qui est de 46 ans. Derrière ce chiffre, on constate des entrées dans la profession parfois plus tardive mais aussi des changements de carrière, des reconversions. Bref un parcours du musicien de plus en plus complexe.
Ce que nous révèle aussi l’étude, c’est la répartition femmes-hommes. Et là, c’est un peu la bouteille que l’on peut voir soit à moitié vide soit à moitié pleine. Bonne nouvelle : la proportion de femmes dans les orchestres augmente de 5% depuis 2009. Mais au finale, la part reste quand même de 62% d’hommes et 38% de femmes ; alors même que pendant les études dans les conservatoires, les femmes sont généralement plus nombreuses.
Une situation économique stable
Les orchestres sont très largement financés par les pouvoirs publics. Les subventions représentent 78% du financement, contre 3% seulement de mécénat. Et parmi les pouvoirs publics, les premiers financeurs ce sont les villes, à 51%, l’état n’arrive qu’en deuxième position à 24%. Cela nous rappelle bien la mission première des orchestres, à savoir son implantation sur un territoire. Grâce à cette sécurité de l’argent public, les orchestres ont pu traverser la crise sanitaire sans trop d’encombres. Mais pour autant, des politiques économiques plus drastiques pourraient à l’avenir ébranler ce modèle. Rappelons pour finir ce chiffre : la masse salariale des orchestres français représente 128 millions d’euros.
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