En direct depuis Bruges, Antoine Pecqueur revient sur les annonces du ministre de la culture belge.
Le Ministre Jan Jambon met la culture à la diète. Avec différents niveaux de baisse selon les institutions flamandes. Les sept plus grandes, comme De Singel à Anvers ou l’Opéra flamand, ont une baisse de subventions de 3% ; l’aide au fonctionnement des structures culturelles de taille moyenne pourrait-on dire est lui réduit de 6%. Mais le plus grave, c’est la baisse de 60% pour les aides au projet, c'est-à-dire les aides qui soutiennent ici les jeunes compagnies, les jeunes ensembles dans leur projet de spectacle, de concert. Une telle baisse signifie tout simplement couper les vivres aux créateurs de demain.
Jan Jambon n’est pas seulement ministre de la Culture. Il est le Ministre-président du gouvernement flamand, qui est une coalition entre différents partis. Jan Jambon appartient au parti nationaliste NVA. Et avec cette décision, il souhaite favoriser la culture identitaire, patrimoniale flamande et à l'inverse étouffer la jeune création, politiquement plus engagée. Cette décision est un gage donné aux électeurs du parti d’extrême droite Vlaams Belang, très important dans les Flandres. Au même moment la Belgique est en train de former un gouvernement fédéral, qui s’apparenterait à une coalition arc-en-ciel, comme on dit ici, entre différents partis mais dont la NVA serait sans doute exclu. Le calcul est politique.
Du côté des artistes, il y a eu à Bruxelles une manifestation de plusieurs milliers de personnes contre cette décision. Et surtout, les artistes belges ont décidé de couper leurs photos, leurs affiches de 60%. De nombreux musiciens classiques l’ont fait, comme par exemple la chanteuse Sophie Karthäuser. Est-ce que cela sera suffisant pour faire plier le gouvernement ? Rien n’est moins sûr. C’est une page bien sombre qui risque de s’ouvrir au pays de Jan Fabre et d’Anne Teresa de Keersmaeker.
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