Tensions russo-ukrainiennes : comment impactent-elles le secteur culturel ukrainien ?

Un Char de l'armée ukrainienne devant l'Opéra de Kiev
Un Char de l'armée ukrainienne devant l'Opéra de Kiev ©AFP - Pavlo Pakhomenko / NurPhoto
Un Char de l'armée ukrainienne devant l'Opéra de Kiev ©AFP - Pavlo Pakhomenko / NurPhoto
Un Char de l'armée ukrainienne devant l'Opéra de Kiev ©AFP - Pavlo Pakhomenko / NurPhoto
Publicité

Les tensions de plus en plus fortes entre l'Ukraine et la Russie, qui a installé 100 000 soldats près des frontières ukrainiennes, se retrouvent-elles dans le domaine culturel et notamment musical ?

Ces tensions russo-ukrainiennes au sein du monde culturel ne sont pas nouvelles. Elles remontent à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et n’ont fait que se poursuivre avec le conflit dans le Donbass qui oppose les séparatistes pro-russes à l’armée ukrainienne.
Cette situation géopolitique a plusieurs impacts sur la vie musicale ; à commencer par le fait même de jouer de la musique russe. Les Ukrainiens les plus nationalistes y sont opposés, les discussions peuvent vite s’enflammer sur le sujet. Pour autant, le paradoxe est que de grands compositeurs russes ont en fait des origines ukrainiennes. Prokofiev est né à côté de la ville de Donetsk et Tchaïkovski avait des racines cosaques. Les grandes institutions, comme l’Opéra de Kiev, continuent néanmoins de programmer les chefs d’œuvres du répertoire russe ; par contre peu de place est faite aux créateurs russes contemporains.

Qu’en est-il des interprètes ?

Il y a très peu d’invitations d’orchestre russe en Ukraine et inversement. La mobilité des artistes entre les deux pays est fortement compromise. Ce qui n’empêche pas individuellement des chefs ukrainiens de diriger en Russie. Mais ce sont des exceptions. En fait aujourd’hui, de plus en plus de jeunes musiciens ukrainiens se tournent vers l’Europe pour continuer leurs études ou pour faire carrière. Le lien culturel avec la Russie, pourtant historique, est en grande partie rompu.

Publicité

Des musiciens n’hésitent pas aussi à prendre les armes…

Antoine Pecqueur avait rencontré à Kiev un musicien d’un orchestre qui prenait des congés pour partir combattre dans le Donbass. Le patriotisme peut être très fort au sein des artistes.
Un chanteur, le baryton-basse Wassyl Slipak, qui avait été formé à l’ Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, est même mort au combat en juillet 2016. Un mémorial lui rend hommage dans le quartier de Podil, dans le centre de Kiev.
Enfin, la situation actuelle a une autre conséquence, non négligeable, sur la vie des musiciens ; le pays devant faire face à une hausse de ses dépenses militaires, de sécurité, le budget alloué à la culture est en peau de chagrin. Un musicien d’orchestre en Ukraine gagne entre 250 et 500 euros, et a souvent besoin d’un autre métier pour vivre. Une précarité qui conduit aussi certains musiciens à quitter le pays