Antoine Pecqueur s'intéresse ce matin à l’accélération de la prise de conscience des enjeux environnementaux de la part des acteurs culturels.
Il était temps ! La culture n’était pas vraiment un bon élève. Des responsables du secteur ont même longtemps défendu l’idée d’une exception culturelle en la matière.
C’est-à-dire qu’au moment où les français sont plus que jamais incités à changer leurs pratiques - privilégier le train, manger local, faire le tri – le monde de la culture, sous couvert d’une sorte de supériorité intellectuelle, aurait pu continuer à polluer sans se poser de questions. C’est quand même d’une folle arrogance. Heureusement, ce discours s’estompe.
Citons quelques exemples de ces dernières semaines : Roselyne Bachelot a lancé une charte pour le développement durable des festivals, l’association Arviva Arts vivants, Arts durables a organisé ces rencontres nationales et les Forces musicales, regroupant orchestres et opéras de France, ont publié un livret citoyen recensant les bonnes actions, notamment écologiques, des institutions musicales.
« Décarbonons la culture »
Ce nouveau rapport est piloté par le Think Tank Shift Project. Ce document est passionnant. Il est documenté, chiffré : sa force est qu’il dresse un constat et préconise des solutions, des solutions qui précisons-le ne reposent pas sur le pari de la croissance, ce que défendent les tenants de la doxa libérale.
L’analyse se fait secteur par secteur : le livre, le cinéma, le spectacle vivant. Et on ne résiste pas à vous donner quelques chiffres qui sont plus parlants que tous les discours : la culture et les loisirs sont la troisième cause de mobilité des français, et si 3% seulement des spectateurs viennent dans un festival en avion, ils réalisent près de deux tiers des émissions des transports des festivaliers. Parmi les solutions pour le spectacle vivant, le rapport propose très intelligemment de revoir les contrats d’exclusivité, qui aujourd’hui empêchent les artistes de se produire dans des salles à proximité. L’Etat ne semble en tout cas pas avoir pris pleinement la mesure : la part du budget du ministère de la Culture réservé à la RSE, qui comprend donc le volet environnemental, équivaut à 0,45% du budget. Et attention, à ceux qui penseraient qu’il faut plus que jamais miser sur le numérique, encore plus après la crise, le rapport note que ce n’est pas la panacée loin de là, diffuser ses spectacles sur des plateformes impacte la planète. La culture est le premier poste mondial de consommation de données. Enfin, le rapport insiste aussi sur le fait que par les messages qu’elle véhicule, la culture peut jouer un rôle prescripteur, pour amener à une meilleure prise de conscience de l’écologie au sein de la société.
La réponse politique à ces enjeux
La politique culturelle des Verts fait débat. Dans les villes, l’opposition entre droits culturels et institutions semble parfois un peu vaine. Et surtout à l’échelle nationale et même européenne, leur stratégie interpelle. Par exemple, un certain Yannick Jadot avait voté en 2019 contre la directive européenne sur le droit d’auteur, dont le but était d’offrir une meilleure rémunération des auteurs, compositeurs à l’ère numérique et surtout face aux Gafam. En votant contre, les Verts veulent défendre un Internet libre, dans l’esprit du parti Pirate. Mais en oubliant le sort des artistes… Vous l’aurez compris : on attend désormais une clarification de la politique culturelle des Verts, En déplacement aux Transmusicales de Rennes, Yannick Jadot a affirmé à nos confrères du Télégramme qu’il soutiendrait la création culturelle. Reste maintenant à savoir comment.
Programmation musicale
- 07h51
Le Messie : His yoke is easy (1ère partie) Choeur Georg Friedrich Haendel (Compositeur)Le Messie : His yoke is easy (1ère partie) ChoeurJohn Eliot Gardiner (Chef d'orchestre), Choeur Monteverdi (Chœur), Orchestre Baroque Anglais
Album Le Messie HWV 56 (intégrale) (1983)Label Philips (411 041-2)
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