Alors que le milieu culturel s'était positionné en faveur d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, son projet ne suscite pas pour autant l'enthousiasme des professionnels du secteur...
Ces derniers jours, des artistes, des directrices et directeurs d’institutions mais aussi des syndicats du secteur avaient clairement appelé à faire barrage à l’extrême droite en votant pour Emmanuel Macron. La tentative de séduction du monde culturel par le Rassemblement national, qui affirmait en cas de victoire de Marine Le Pen maintenir l’intermittence du spectacle ou encore consacrer 1% du budget de l’Etat à la culture, n’a clairement pas fonctionné.
Le monde culturel craignait au contraire une atteinte à la liberté de création et à la diversité, comme c’est le cas d’ailleurs dans les pays dirigés en Europe par des gouvernements ultraconservateurs comme en Pologne ou en Hongrie. Imaginez le désastre qu’aurait engendré dans le monde culturel la mise en place de la préférence nationale à l’emploi souhaitée par Marine Le Pen.
Un projet qui peine à convaincre
Le projet d’Emmanuel Macron pour la culture ne suscite pas pour autant l’enthousiasme. Déjà car Emmanuel Macron a accordé très peu de place dans son programme à la culture ; son projet est en fait surtout de poursuivre la politique qu’il a mise en place au cours des cinq dernières années, à commencer par le Pass Culture.
Ce dispositif doit être élargi aux populations encore plus jeunes. Or vous le savez, ce concept fait débat dans le secteur, qui y voit une manière de favoriser l’industrie culturelle. L’objectif 100% EAC (éducation artistique et culturelle) du premier quinquennat n’ayant pas été atteint, le but est aussi de continuer sur cette voie.
Ce qui retient le plus l’attention, c’est son projet de metavers européen, pour défendre les artistes face aux géants américains du numérique. A noter que pendant l’entre-deux tours, l’USEP-SV, c’est l’union syndical des employeurs du spectacle vivant, a fait une lettre ouverte au président candidat, dans laquelle il demande à ce que les services publics, et notamment la culture, soient renforcés. La crainte derrière ce message est claire : un retour à une politique d’austérité budgétaire qui viendrait directement frapper les financements culturels.
Qui va incarner la politique culturelle d’Emmanuel Macron ?
Au cours du précédent quinquennat, pas moins de trois ministres se sont succédés à la Rue de Valois : Françoise Nyssen, Franck Riester et Roselyne Bachelot. C’est cette dernière qui a assurément laissé le plus sa marque ; mais peu de chance que contrairement à d’autres ministres, elle continue. Qui pourrait donc lui succéder ? Un politique ou une personnalité de la société civile ? Coté société civile justement, pendant la campagne, le producteur de spectacles Jean-Marc Dumontet a joué le rôle de référent culture de la République en marche, il était hier soir au Champs de Mars. Mais son nom avait déjà été évoqué en 2017, sans succès.
D’autres noms du secteur privé de la culture, cher à Emmanuel Macron, circule, comme celui de Frédéric Jousset, propriétaire de Beaux-Arts magazine, qui a participé au lancement du Pass Culture. Mais la nomination du prochain ministre va devoir obéir aussi à différents impératifs, en termes de parité femmes-hommes et d’équilibre entre l’aile gauche et droite. Parmi les figures politiques investis sur les questions culturelles, le nom d’Aurore Bergé est souvent cité. N’oublions enfin pas qu’une grande partie de la politique culturelle se fera comme sous le précèdent quinquennat directement depuis l’Elysée. Parmi les prochaines nominations qu’Emmanuel Macron devrait d’ailleurs faire très rapidement figure le nouveau directeur ou directrice du Château de Versailles. Il faudra donc aussi suivre de près qui sera le ou la prochaine conseillère culture de l’Elysée, un poste de l’ombre mais crucial.
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