La politique culturelle d'Emmanuel Macron : un bilan en demi-teinte ?

Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot lors d'une visite à la Bibliothèque nationale de France
Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot lors d'une visite à la Bibliothèque nationale de France ©AFP - Bertrand Guay
Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot lors d'une visite à la Bibliothèque nationale de France ©AFP - Bertrand Guay
Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot lors d'une visite à la Bibliothèque nationale de France ©AFP - Bertrand Guay
Publicité

A deux semaines de l’élection présidentielle, Antoine Pecqueur revient sur le bilan en matière culturelle d’Emmanuel Macron. Que retenir de ces cinq années ?

Le secteur culturel est globalement unanime pour saluer l’aide apportée par le gouvernement pendant la crise sanitaire. Roselyne Bachelot n’hésite d’ailleurs pas à le rappeler : depuis le début de la pandémie, le soutien apporté par l’Etat au secteur s’élève à environ 15 milliards d’euros. C’est grâce à cette manne que les lieux culturels ont pu faire face aux longues périodes de fermeture, sans oublier les dispositifs comme l’activité partielle ou les PGE (prêt garanti par l'Etat) qui ont eux aussi été précieux au secteur.

Le monde de la culture divisé sur le Pass Culture

Publicité

C’était la grande promesse de campagne d’Emmanuel Macron : des chèques pour les jeunes à dépenser en offres culturelles. Après bien des difficultés de mise en place et de gouvernance, le Pass a finalement été généralisé seulement l’année dernière. Mais il suscite toujours des crispations très fortes : le monde de la librairie salue le dispositif car les livres sont les premiers achats réalisés par les jeunes, en particulier les mangas ; mais le spectacle vivant lui dénonce une mesure qui incite les jeunes à écouter ce qu’ils connaissent déjà et donc favorise les grandes industries du secteur. A l’opposé d’une vraie démarche d’éducation artistique et culturelle. D'ailleurs, Emmanuel Macron avait promis le 100% EAC (l'éducation artistique et culturelle) à l'école et on en est loin.

Quelle vision de la culture a plus globalement défendu Emmanuel Macron ?

On aurait pu l’attendre plus disruptif en la matière. Quand on voit la répartition des crédits du ministère de la Culture, on est toujours dans la même inégalité de traitement, avec une manne avant tout concentrée sur les grands opérateurs, comme l’Opéra de Paris et le Musée du Louvre.
Une note de la Cour des Comptes est d’ailleurs sortie en décembre dernier pour dresser un constat très sévère de ce ministère et appeler à sa transformation. Sans doute aussi que la succession de ministres n'a pas aidé à l’efficacité de son action ; pendant le quinquennat se sont succédés Françoise Nyssen, Franck Riester et Roselyne Bachelot, alors que par exemple à l'économie Bruno Lemaire est, lui, resté en place.
En fait, la politique culturelle a été en grande partie piloté directement par l’Elysée, qu’il s’agisse des nominations mais aussi des grandes lignes politiques, comme la restitution des objets d’arts pillés pendant la colonisation ; une démarche salutaire, il faut le dire, entreprise par Emmanuel Macron, même si la Loi-cadre se fait encore attendre..
Reste maintenant à savoir quel sera l’avenir de la politique culturelle du pays si Emmanuel Macron est réélu ; son programme est peu diserte sur le sujet. Mais le retour, après cette phase d’investissement public liée à la crise sanitaire, à l'austérité budgétaire et donc à une politique plus libérale pourrait considérablement changer la donne.

L'équipe