Antoine Pecqueur nous appelle en direct de Minsk, en Biélorussie, où le mouvement de contestation contre le président Alexandre Loukachenko ne faiblit pas. Un mouvement dont les leaders sont en grande partie des artistes.
Après avoir assisté ce samedi en plein centre de Minsk, à la marche des femmes contre le régime, Antoine Pecqueur a vu les manifestantes défiler pacifiquement.
Il a aussi vu les policiers cagoulés poursuivre une partie de ces femmes pour les emmener dans des fourgonnettes sans immatriculation.
Cette manifestation pour la marche des femmes, qui se tient chaque samedi, existe grâce à la violon solo de l’Orchestre de l’Opéra de Minsk, Regina Sarkisova.
Antoine Pecqueur l’a rencontrée à l’issue de la marche, avec d’autres collègues musiciens, plus déterminés que jamais.
Les artistes sont bien en première ligne ici dans ce mouvement de contestation, comme la flûtiste Maria Kolesnikova qui a été arrêté la semaine dernière ou bien sûr à l’écrivaine Svetlana Alexievitch.
D’ailleurs, le plus important ralliement d’un ancien membre du gouvernement de Loukachenko a été celui de Pavel Latouchko, l’ex-ministre de la culture.
Qu’est-ce qui mobilise autant les artistes ?
Le régime de Loukachenko a mis une chape de plomb sur les arts, à plusieurs niveaux. Déjà au niveau de la censure, ce qui a conduit à l’exil de certains artistes comme au Belarus Free Theater, le théâtre libre de Biélorussie, qui est installé à Londres. L’autre pression est économique. Aujourd’hui un musicien d’orchestre gagne environ 200 euros par mois. Il est même obligé de vendre lui-même une partie des billets de concerts.
Si la culture est en première ligne, c’est aussi pour une raison idéologique. Les manifestants défendent une identité biélorusse, un retour à l’histoire du pays, qui a été mis entre parenthèses par Loukachenko, et qui passe par une défense de la langue et de la culture.
Comment évolue la situation à Minsk?
La Biélorussie est dans une situation géopolitique extrêmement complexe, coincée entre l’Europe et la Russie. La rencontre aujourd’hui, ce lundi 14 septembre entre Loukachenko et Vladimir Poutine devrait nous en apprendre plus sur la stratégie du président russe.
Reste à craindre un enlisement de la situation. Les artistes s’organisent en mettant en place des concerts pour recueillir des fonds pour aider tous ceux qui ont été blessés dans les manifestations.
Lorsqu'Antoine Pecqueur demande au chef d’orchestre, Aleh Lessoun s’il ne craint pas de perdre son emploi ou d’être arrêté, il répond juste qu’il est prêt à tous les scénarios.
C’est une révolution pacifique et artistique qui se tient à 2000 km de Paris, face à un pouvoir dictatoriale qui n’a plus comme seule solution que la répression.
Programmation musicale
- 07h53FRANZ SCHUBERT (Compositeur)SCHUBERT Quintette à cordes en Ut Maj op posth 163 D 956 : 3. Scherzo. Presto -Trio. Andante sostenuto
, NOEMI BOUTIN, QUATUOR BELA
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