Nous avons assisté à un véritable événement politique la semaine dernière ! Jean Castex s'est rendu au Ministère de la Culture pour détailler le plan d'aide au spectacle vivant.
C’était la première fois à notre connaissance qu’un premier ministre se déplaçait Rue de Valois !
Une scène en tout cas impensable en début de quinquennat, marqué par de très fortes tensions entre Edouard Philippe et Françoise Nyssen.
Ensuite, on s’en souvient : Franck Riester avait été mis dans l’ombre par Emmanuel Macron lui-même, qui avait directement piloté depuis l’Elysée la rencontre avec les artistes pendant la crise sanitaire.
Roselyne Bachelot a donc assurément plus de poids que ses prédécesseurs, et surtout elle est de la même famille politique que Castex.
Le Ministère de la Culture n’a de la force que quand il est directement connecté, à Matignon ou à l’Elysée. C’est le seul moyen pour lui d’obtenir des engagements de Bercy, qui voit toujours ce Ministère comme trop dispendieux.
D’où le fait d’avoir réussi à obtenir cette enveloppe de 2 milliards d’euros fléchés pour la culture sur les 100 milliards du plan de relance post-crise sanitaire. Rappelons que le budget global du Ministère est d’environ 10 milliards.
Comment ce plan d’aide est-il réparti entre les différents secteurs culturels ?
Sur les 2 milliards, 432 millions d’euros sont dédiés au spectacle vivant.
Repartis entre public et privé, à part relativement équilibré, mais c’est au sein même de l’aide au spectacle public que l’on trouve des inégalités frappantes. Sur les 200 millions fléchés sur le spectacle vivant public, 120 millions sont consacrés aux opérateurs publics nationaux. C’est-à-dire les 5 théâtres nationaux et l’Opéra de Paris.
Vous l’aurez compris : l’Etat doit sauver l’Opéra de Paris, dont le déficit va atteindre plus de 45 millions d’euros en 2020.
Ces chiffres ne sont pas juste du aux grèves contre la réforme des retraites et au Covid. C’est le modèle même de l’Opéra qui interpelle, avec des mises en scène aux coûts démesurés, des distributions vocales monopolisés par trois grandes agences et une masse salariale de 1700 collaborateurs. Or, ce qu’on voit dans le plan d’aide, c’est donc que l’Opéra de Paris cannibalise tout : il ne reste que 30 millions d’euros pour soutenir orchestres, ensembles et festivals.
C’est aussi le match Paris-région qui se joue, et qui est devenu insupportable. Sans compter enfin le coût du Pass Culture, ces chèques de 500 euros pour les jeunes de 18 ans, le promesse culturelle d’Emmanuel Macron qui ressemble fort à un fiasco, avec très peu de jeunes touchés.
Quelles préconisations, Antoine Pecqueur propose pour le Ministère ?
Le Ministère de la Culture a deux voies possibles.
Soit essayer de colmater les brèches et recommencer comme avant, avec quelques grandes institutions aspirant le budget.
Soit s’offrir une vraie réforme, avec comme finalité une meilleure égalité entre les territoires et entre les champs d’actions.
Les conservatoires sont par exemple les parents pauvres : ils reçoivent moins de 10% de subventions de la part de l’Etat, et ils sont d’ailleurs dans le flou total pour leur rentrée. Roselyne Bachelot est au milieu du gué. Les prochains mois seront décisifs pour voir si la crise permettra enfin de réinventer ou pas ce Ministère.
Programmation musicale
- 07h52JOHANNES BRAHMS (Compositeur)BRAHMS Trio pour piano n°3 en ut min op 101 : 2. Presto non assai
, GEOFFROY COUTEAU
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