Jeudi dernier, près de 180 intellectuels et artistes ont signé une tribune, c’était dans Le Monde, soutenant la mobilisation contre la réforme des retraites. Parmi les signataires on retrouvait beaucoup d’économistes (comme Thomas Piketty ou Thomas Porcher), l’astrophysicien Aurélien Barrau, l’écrivaine Annie Ernaux ou encore le réalisateur Robert Guédiguian bien connu pour ses convictions politiques. Mais relativement peu d’artistes du spectacle vivant, hormis la chanteuse Juliette ou la metteur en scène Ariane Mouchkine. Et aucun musicien classique.
Comment expliquer ce peu d’engagement ?
Une grande majorité des artistes sont intermittents du spectacle. Or ce régime d’assurance chômage spécifique au secteur est préservé par le gouvernement, qui ne veut pas ouvrir un nouveau front social. Il y a chez les politiques, rappelons-le, le spectre de l’été 2003 où, suite à une volonté de réforme du régime, la mobilisation massive des intermittents avait même conduit à l’annulation du festival d’Avignon. Mais au sein des syndicats, ce dossier crispe, car si les fédérations propres à la culture se félicitent bien sûr de ce maintien du régime, les centrales elles déplorent qu’une grande partie des français doivent faire beaucoup d’efforts et qu’on ne demande par contre rien aux intermittents. Il n’empêche : beaucoup d’intermittents confient leur solidarité avec les grévistes, mais préfèrent parfois ne pas participer aux manifestations de peur de ne plus être ensuite rappelé par les structures qui les emploient.
Qu’en est-il des artistes permanents ?
Il y a deux grandes institutions, l’Opéra de Paris et la Comédie Française, qui ont des régimes spéciaux de retraites que le gouvernement veut supprimer dans le cadre de la réforme Delevoye. Le but de ces régimes est actuellement de permettre, selon les professions, des départs à la retraite à un âge moins avancé, par exemple 42 ans pour les danseurs. Avec la réforme, les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra pourraient perdre 20% de leur retraite. Ce qui explique les nombreuses annulations de spectacle dans ces deux institutions depuis la grève du 5 décembre. Et cela sera vraisemblablement aussi le cas demain, avec la nouvelle journée d’actions interprofessionnelles.
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