Existe-t-il une musique européenne ?

Quand on pense Europe en musique, le nom du magnifique Orchestre de chambre d’Europe vient spontanément à l’esprit. A ceci près que cette formation d’élite n’a rien à voir avec l’Union Européenne comme institution : c’est un orchestre purement privé, financé par une fondation et le mécénat.
En revanche, il a été fondé en 1981 par un noyau de musiciens issus de l’Orchestre des Jeunes de la Communauté européenne qui, lui, est bel et bien une émanation de ce qui ne s’appelait pas encore UE. Fondé en 1976 à l’initiative de Claudio Abbado, par un couple de hauts-fonctionnaires britanniques (le Royaume-Uni était à l’époque moteur pour l’Europe…), l’European Community Youth Orchestra (ECYO) a pour double mission d’être un orchestre-école pour la relève des jeunes diplômés de conservatoires qui se destinent à la carrière d’orchestre, et d’être un ambassadeur de l’UE. C’est le seul.

Cela ne veut pas dire que l’UE ne fasse rien pour la musique. Certes, la culture ne représente que 0,14% du budget européen, mais la dotation a tout de même augmenté de 67% (l’équivalent de 2,4 Milliards d’Euros) ces dernières années. Cela se traduit surtout par des programmes de financement de projets (Music Moves Europe, Europe créative).
Mais l’Europe musicale s’est surtout faite toute seule, en marge des institutions. Il y a aujourd’hui 29 nationalités différentes au Philharmonique de Berlin, la quintessence de l’orchestre « allemand » (dont 17 issues du continent européen, parmi lesquelles 14 de pays de l’UE). Il y en a 21 au Concertgebouw d’Amsterdam, 20 au Philharmonique de Vienne.
Ce brassage et cette libre-circulation des musiciens est un des traits majeurs de notre époque, qui nous ramène au XVIIe et au XVIIIe siècles, lorsque la vie musicale était européenne bien avant d’être nationale.