En clôturant cette terrible année 2020, nous avons également envie de dire adieu aux concerts en streaming qui ont rythmés notre année. Mais avant de retourner définitivement dans les théâtres, le Musée d'Orsay est devenu un champion des concerts en ligne, proposant de belles surprises !
Retour rapide sur 2020 : confinement, couvre-feu, reconfinement, fermeture des salles… C'était un véritable piétinement général. Évitons les bilans et projetons-nous dans les perspectives : le porte-parole du gouvernement a laissé entendre que les théâtres et salles de concert n’ouvriraient pas leur porte à partir du 7 janvier comme il était plus ou moins convenu. Repiétinement encore. Si vous vous promenez dans les coulisses, vous verrez frétiller les artistes et directeurs qui attendent dans les starting block la possibilité de se produire à partir du 8 janvier, pour ceux qui avaient des dates. Ce n’est pas parce que les salles sont fermées que les artistes ne font rien. Ils sont découragés, perdus dans le passage des plans A au plan B jusqu’au plan de l’agonie créatrice, mais ils remuent encore.
Cessons de pleurer pour sauver quelque chose du sinistre et mais sourions à 2021 ! Il ne reste plus que des tuyaux, comme autant de perfusion pour tenir à bout de bras le spectacle vivant: les tuyaux des diffusions en streaming. Dans cette course à la diffusion à tout crin, et qui conserve une part d’innocence durant les fêtes, nous avons un champion inattendu : le Musée d’Orsay. L’institution met en ligne une série de concert sur le thème "Des animaux et des hommes", ce qui sonne toujours mieux que des virus et des cadavres, et qu’on peut avoir le plaisir de visionner sur la chaîne YouTube du musée ou sur son site. Cette initiative fraîche et de bon goût a déjà vu défiler Nathanaël Gouin, Christophe Chassol ou encore l’ensemble des Apaches avec Stéphane Degout.
Intéressons-nous donc aux deux dernières mises en ligne. La première concerne le Carnaval des animaux jazz par the Amazing Keystone Big Band. L’ensemble swing moderne avait enregistré la suite de Saint Saëns au disque il y a cinq ans avec Edouard Baer en narrateur d’un conte original écrit par Tai-Marc Le Than. A Orsay, c’est Samuel Labarthe, commissaire Laurence un jour, général De Gaulle le lendemain, qui s’y colle dans la salle de l’horloge du musée. Le résultat remue et change pas mal les idées, même si quand surgit des tréfonds la musique de l’Aquarium, on se demande si Cannes aura bien lieu cette année. Et si oui, d’ailleurs, il serait temps que Frémaux change de musique.
Dernière mise en ligne, qui concerne les volatiles cette fois : la symphonie des oiseaux. Les chanteurs d’oiseaux Johnny Rasse et Jean Boucault interviennent, sifflent, piaffent, sur des pièces de Bartok, Satie ou Granados interprétées par la pianiste Lidija Bizjak et la violoniste Geneviève Laurenceau. Le film tourné dans les salles du musée est élégant et le programme, qui retrace les quatre âges de l’homme, hypnotique. On a largement le temps de réfléchir à l’enchaînement de péripéties qui ont fini par nous clouer sur un canapé à écouter des chants d’oiseaux dans un musée vide. Au moins 2020 s’est bel et bien envolé. Démarrons donc 2021 fort de nos expériences désillusionnées au risque d’être choqué par de bonnes surprises.
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