Guillaume Tion était au Théâtre de l’Athénée, où il a été puissamment séduit par Crésus, opéra baroque allemand de Reinhardt Keiser, interprété par l’Ensemble Diderot sous la conduite de Johannes Pramsohler.
Crésus, on ne va pas vous refaire l’histoire, c’est le roi de Lydie qui a récupéré l’or de Midas via le fleuve pactole.
Notre or à nous, ça a été de rencontrer Johannes Pramsohler, en coulisse, juste à sortie de la scène, pour qu’il nous raconte un peu les enjeux de cette oeuvre rare. Point liminaire, on l’imagine se pointer dégoulinant de sueur, harassé après trois heures de concert, la chemise ouverte, les lacets dénoués… et bien pas du tout. Il sort du bain, du coiffeur, du tailleur. Il est impeccable.
Au point qu’on s’est demandé s’il ne fallait pas pratiquer le violon baroque pour être en forme. Mais c’est une autre histoire...
Crésus est une oeuvre de transition, qui marque les débuts de l’opéra en Allemagne, importé d’Italie en direction notamment de Hambourg. Toutefois ce qui intéresse l’ensemble Diderot, s’éloigne des tutelles du pouvoir.
Une des particularités du spectacle, c’est d’observer Pramsohler, violoniste, diriger sa formation depuis son instrument. Comme vous le savez, le statut de chef d’orchestre n’apparaît qu’au début du XIXe siècle avec les symphonies de Beethoven, et pour cette oeuvre de 1711, c’est le premier violon qui s’y colle.
Pramsohler vient du Tyrol du Sud. Il est de nationalité italienne mais germanophone. Il découvre le violon baroque à Londres. Après deux cours, il décide de ne plus toucher à un violon moderne et s’installe à Paris.
L’interprétation de ce Crésus est formidable. L’Ensemble Diderot brille dans la fosse, doux, tendre, un vrai plaisir, et la distribution, avec notamment Ines Berlet et Yun Jun Choi, décoiffait de subtilité. Guillaume Tion a cru revivre.
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