Fake au Festival Musica

Fake, à l'affiche du Festival Musica 2020
Fake, à l'affiche du Festival Musica 2020 - Christophe Raynaud de Lage
Fake, à l'affiche du Festival Musica 2020 - Christophe Raynaud de Lage
Fake, à l'affiche du Festival Musica 2020 - Christophe Raynaud de Lage
Publicité

Guillaume Tion est également à Strasbourg. Il nous parle de l'opéra Fake, un spectacle musical itinérant donné sur le parvis de l'Opéra du Rhin dans le cadre du Festival Musica.

L’Opéra national du Rhin accueille Fake, une déambulation mise en musique en direct par Wilfried Wendling.
Le dispositif est réjouissant. Le compositeur place des sons à l’aide d’une grande tablette qu’il tient autour du cou. Il est accompagné d’un guitariste-bruitiste et d’une percussionniste. Tous suivent un narrateur, Abbi Patrix, lequel raconte l’histoire de Peer Gynt.  

Fake s'adresse à une foule de spectateurs casqués qui le suivent. Pour cette performance, le rendez-vous est pris sur le parvis du Théâtre de Strasbourg. En échange d’une pièce d’identité on vous remet un casque, et ensuite vous suivez ce narrateur qui relate le vagabondage de Peer Gynt à la recherche de sa propre identité.
Tout ici est identité. Propos sur notre identité actuelle, comme on l’entend par des documents sonores de vieux journaux évoquant le ministère de l’identité nationale mais comme on l’entend aussi par la musique.
La musique ici fait l’effet d’un miroir cassé. Elle montre des facettes tranchantes qui s’imbriquent et se coupent entre elles. Elle se cherche, tourne en rond d’une manière dépressive, et quand elle bondit, elle se cogne. C'est très intéressant car en partie improvisée. L’humeur des spectateurs, du narrateur, la torpeur du climat jouent sur son allure.  

Publicité

Le texte est en partie improvisé. Guillaume Tion a vu cette déambulation à Créteil et le narrateur s’emparait de la géographie du lieu pour y faire coïncider la saga de Peer Gynt. Une école maternelle représentait un village troll par exemple. A Strasbourg, le parcours reliera l’opéra à la place Kléber, et le texte évoluera lui aussi.  

Ce qui est passionnant, c’est de constater que le Covid a boosté la création déambulatoire. La distanciation a incité les artistes à sortir et à se promener, à s’approprier les espaces libres : dans les places et les jardins, que ce soit dans les rues de Paris et Londres avec la pièce Contact, que ce soit les propositions artistiques en montagne de type grande balade, ce qu’a fait le Théâtre de l’Aquarium en disposant des mini formats musicaux un peu partout dans son théâtre.
Bientôt on écoutera Tosca en suivant les chanteurs amplifiés remonter les grands boulevards. On sera coiffés d’un casque et on verra de l’opéra-réalité, dans les vrais décors.  
L’identité du spectacle vivant se trouve en complet bouleversement.