Cette semaine Guillaume Tion était au Théâtre Marigny pour la représentation de Funny Girl. Autant dire qu'il était à Broadway car dès qu’on se retrouve dans une salle dirigée par Jean-Luc Choplin, on a l’impression d’arriver vers Time Square !
En même temps que se donne sur les Champs cette nouvelle production s’éteint au Théâtre du Châtelet la reprise d’un Américain à Paris, que Choplin avait monté il y a quatre ans en partenariat avec des producteurs new-yorkais et qui a depuis triomphé à travers le monde. Choplin, c’est un peu le monsieur Claquette du théâtre français.
L’Américain à Paris, c’est lui.
De quoi parle ce spectacle ?
Tout bêtement d’une histoire d’amour… Encore une fois… Il y a des gens qui y croient, ne les dégoûtez pas tout de suite, laissez la vie s’en charger, comme nous le raconte le spectacle.
Funny Girl décrit l’ascension de Fanny Brice, une enfant de la balle rigolotte et fonceuse qui se retrouve star des Ziegfeld Follies. Puis elle tombe amoureuse. L’oeuvre est située dans les années 20 mais date de 1964, sur une musique de Jule Styne, un livret d’Isobel Lennart, et a par ailleurs été adaptée au cinéma en 1968 par William Wyler avec Barbra Streisand et Omar Sharif.
Au Marigny, c’est comédie musicale à tous les étages : une vingtaine de musiciens amplifiés, chanteurs eux aussi amplifiés qui poussent des notes longues dans le silence d’une interruption d’orchestre avant que tout le monde applaudisse, incessants changements de décors, rythme frénétique chassant les séquences sans ménagement, humour juif new yorkais peaufiné depuis cinquante cinq-ans et troupeau de danseurs qui débarquent pour stupéfier l’auditoire avec des passages de claquettes synchronisés…
Les participants menés par l’irrésistible Christina Bianco, dont le parcours démarré sur Youtube est similaire à celui de Fanny, sont formidables dans le genre et même en faisant la fine bouche c’est vraiment du beau, du bon, du Broadway. Idéal pour les fêtes.
Idéal pour tenir jusqu’au printemps car le spectacle a été prolongé jusqu’au 7 mars 2020.
A mon sens, ce qui fait la qualité de Funny Girl ne réside pas que dans son registre de comédie musicale. La relation entre Fanny et Nick est étonnante, si simplement rendue dans la pureté des intentions amoureuses et si désillusionnée que Funny Girl, avec ses projos à paillettes et ses conteneurs de sourires, se pose aussi comme un grand spectacle cynique.
Broadway quitte le contes de fées marital pour passer dans le bureau des juges aux affaires familiales. On ne résout pas sur une équipe mais sur une solitude. L’Amérique des sixties discerne le choc des seventies. Et la scène s’ouvre à l’amertume de la société.
Funny Girl est adapté d’une histoire vraie, et nous savons tous que la vie n’est pas drôle pour les petits coeurs battants.
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