Roselyne Bachelot nous narre souvent des histoires autour des stars du classique, mais d'autres existent eu égard aux militants de la musique faisant un travail de terrain remarquable… Décryptage des soutiers de défense de la musique classique.
Faire vivre la musique dans les territoires
Avant tout, il nous faut parler de ces apôtres qui font vivre la musique dans les territoires. Le Grand débat qui vient de se terminer a été l’occasion de parler de « fracture territoriale » et on peut regretter qu’il y ait été bien peu, pour ainsi dire jamais, question de culture.
Robert Ressicaud
C’est donc un de ces soldats de la musique que Roselyne souhaite mettre en lumière ce matin. Il s’appelle Robert Ressicaud, vit dans un village de 6.000 habitants du Rhône à 20 km de Lyon appelé Sathonay-Camp que bien peu de nos auditeurs doivent connaître.
Un engagement pour la musique médiévale
L’histoire de Robert Ressicaud est celle d’un engagement total au service de la musique, en particulier de la musique médiévale. Conservatoire de Lyon, études de chef d’orchestre, enseignement dans les écoles primaires. Il s’honore de dire que tous ces élèves allaient à l’opéra, mettant ainsi en pièces le cliché véhiculé par des ignorants d’un art élitiste et compliqué.
Ce qui le passionne est d’aller vers des publics populaires.
Musicien de rue, il veut donner des concerts dans des hôpitaux, des maisons de retraite, des orphelinats, des prisons. Pour cela, il fonde l’Ensemble Médiéval professionnel Xeremia et joue pour des publics qu’on dit à tort peu réceptif avec un focus particulier sur les concerts scolaires et franchit les frontières à Tachkent, à Alger, à Oulan Bator et même en pleine brousse au Cameroun ! Tout cela dans un esprit d’échange des répertoires et des instruments.
Revenu dans son village après avoir dirigé différents orchestres symphoniques, il décide de de créer une structure lyrique et symphonique baptisée La Symphonie. Certains diront qu’il faut être un peu fou, peut-être mais surtout avoir la foi qui soulève les montagnes …
Les concerts se donnent dans tous les lieux possibles : la salle des fêtes, l’église, la salle polyvalente de la gendarmerie, en plein air sur la place du Belvédère. Des musiciens professionnels se mélangent avec des amateurs, des scolaires en particulier. Tous les répertoires sont convoqués et le projet pour la prochaine saison mêlera Mozart, Brel, Debussy, Hertel ou Wagner et bien d’autres.
Chaque saison propose ainsi un ouvrage lyrique et deux concerts symphoniques, chacun étant joués deux fois pour le public et deux fois pour les scolaires.
Le prochain concert en public aura lieu le 12 juin sur la place du Belvédère.
On devine la question que chacun se pose...
Comment réussir ce tour de force ? Comment assurer son financement ?
Elle est bien là la difficulté en ces temps de disette budgétaire…
Nous imaginons sans peine le coût d’une opération qui nécessite 50 artistes professionnels.
Robert Ressicaud reçoit pour La Symphonie des subventions de la SPEDIDAM -la société des droits des artistes interprètes- et de la municipalité qui couvrent environ 25% des frais, la billetterie 10%.
Et le reste ? Eh bien à 74 ans, c’est Robert qui puise dans sa maigre retraite de 1.300 euros mensuels et sur un petit héritage bientôt épuisé.
Un appel aux élus du département et de la région
Aussi, Roselyne Bachelot profite de chronique pour en appeler solennellement aux élus du Département et de la Région mais aussi à tous les gestionnaires locaux qui considèrent souvent les budgets culturels comme une variable d’ajustement.
Pendant la seconde guerre mondiale, pour soutenir l’effort de guerre, les ministres de Churchill voulaient supprimer les crédits de la culture et Churchill, glacial, leur a rétorqué : Pourquoi croyez-vous que nous nous battions ?
Oui, pourquoi croyez-vous que des hommes comme Robert Ressicaud se batte ?
La culture, l'art, la musique...
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