Après un premier mémoire sur les groupes folkloriques de Normandie et un deuxième sur le répertoire des chants de marin bas normands, Chloë Richard-Desoubeaux souhaite poursuivre ses recherches en interrogeant les liens entre les musiques dites anciennes et le répertoire traditionnel.
Chloë Richard-Desoubeaux mène une double activité de musicologue et d’instrumentiste. Violoniste, elle étudie d’abord à Caen puis en région parisienne, auprès d’Hélène Houzel et Patrick Bismuth. Elle obtient son Prix de Perfectionnement en violon baroque au CRR de Paris en 2016. Elle joue régulièrement dans diverses formations et dirige, depuis 2015, l’ensemble baroque Les Ondes Galantes, qui se produit notamment en Normandie. Elle se consacre également au répertoire médiéval à travers la pratique de la vièle à archet. Elle est par ailleurs titulaire d’un master de musicologie du CNSMDP, et a obtenu les prix des classes d’Histoire de la musique de Rémy Campos et de Métiers de la culture musicale de Lucie Kayas. Ses recherches portent sur les musiques traditionnelles de Normandie. Elle est également professeure agrégée de musique.
"Violoniste spécialisée dans les répertoires anciens, j’ai également toujours apprécié les musiques dites « traditionnelles ». Mais, Normande d’origine, une question me taraudait souvent : pourquoi connait-on très peu la musique traditionnelle de cette région ? Existe-t-il, d’ailleurs, une musique spécifiquement normande ?
Afin d’approfondir cette question j’ai d’abord travaillé sur les groupes folkloriques de Normandie et le rôle clé qu'ils ont joué dans la recréation du répertoire de tradition orale normand. Pour cela, je me suis notamment intéressée au groupe Blaudes et Coëffes de Caen, particulièrement représentatif de l'identité régionale. Le groupe rencontre un vif succès dès sa création en 1942 et est amené à participer aux cérémonies officielles de la ville de Caen jusque dans les années 1990. Il impose ainsi son répertoire, à tel point qu’il est considéré aujourd’hui comme une des expressions les plus typiques de la culture régionale alors qu’il est en grande partie reconstitué.
Dans un second mémoire, j’ai choisi d’aborder un autre répertoire local jusqu’ici très peu étudié, celui des chants de marin bas-normands (les chants hauts-normands étant, au contraire, bien documentés). A partir d'informations issues d'une enquête de collectage menée auprès d'anciens pêcheurs bas-normands, j’ai voulu montrer quelles étaient les véritables pratiques musicales des gens de mer dans cette région au XXe siècle. Loin de l’image d’Epinal du matelot qui chante contre vents et marées, les chants de marin ne représentent qu’une part minoritaire de leur répertoire, loin derrière la chanson de variété, qui en constitue les trois quart. Mon enquête a également permis de dévoiler un autre répertoire largement méconnu, celui des cantiques de marins. Chantés depuis la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe dans les paroisses portuaires, ils s’ancrent durablement dans la mémoire locale et peuvent ainsi être considérés, aux côtés des gaudrioles de bord les plus osées, comme des chants de marin à part entière.
Grâce, notamment, à l'association La Loure, qui réalise un formidable travail de collectage et de mise en valeur du patrimoine oral traditionnel normand, nous avons aujourd'hui à notre disposition une très large base de données de ces chants. Au-delà de l’aspect folklorique ou de la simple collection sonore, ce répertoire continue à vivre aussi bien chez les personnes collectées que chez les collect.eur.rice.s et musicien.ne.s qui s'en emparent pour le transmettre à leur tour.
Cependant, l'origine exacte de ces chants nous est inconnue puisqu'ils sont transmis de manière orale, anonyme et non datée. Pour autant, on peut en trouver des traces dans des partitions remontant parfois à la Renaissance ! Se pose donc la question de savoir ce qui, de nos sources musicales anciennes, perdure dans les chansons traditionnelles collectées au XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui. Peut-on créer une "généalogie" de ces chants ? Quels liens peut-on établir entre les musiques dites "anciennes" (à priori savantes) et le répertoire traditionnel (qui, lui, est populaire) ?"
Programmation musicale
- 12h55
Suite de 3 branles de village / Bobbing joe / Excuse me / Red house Charles Emmanuel Borjon De Scellery (Compositeur)Suite de 3 branles de village / Bobbing joe / Excuse me / Red houseAnonyme (Compositeur), François Lazarevitch (Chef d'orchestre), Les Musiciens De Saint Julien
Album A l'ombre d'un ormeau (2006)Label Alpha Classics (ALPHA342)
L'équipe
- Production
- Autre
- Collaboration