Émilie de Fautereau Vassel : l’accueil critique des œuvres de Debussy dans la presse, du vivant du compositeur

Claude Debussy à Saint Germain en Laye, 11 mai 1902
Claude Debussy à Saint Germain en Laye, 11 mai 1902 ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
Claude Debussy à Saint Germain en Laye, 11 mai 1902 ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
Claude Debussy à Saint Germain en Laye, 11 mai 1902 ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
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Émilie de Fautereau Vassel termine sa 4e année de doctorat à Sorbonne Universités sous la direction d’André Guyaux et de Cécile Leblanc. Elle y étudie l’accueil critique des œuvres de Claude Debussy dans la presse, du vivant du compositeur, entre ses débuts en 1883 et sa mort en 1918.

"Au tournant des XIXe et XXe siècles, la presse écrite connaît un développement spectaculaire, et c’est à travers de multiples compte-rendus critiques que le travail des artistes se fait connaître du grand public.

Outre les journaux hebdomadaires ou mensuels, on dénombre alors environ 600 quotidiens en France, véritable fenêtre d’observation sur cette époque ; c’est une mine aujourd’hui en grande partie numérisée — ce qui en facilite l’exploration.

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Les critiques sont parfois de grands noms du monde littéraire et musical de l’époque, et Debussy parfois l’a lui-même été. Sur ses œuvres écrivent Reynaldo Hahn, André Suarès, Paul Dukas, Octave Mirbeau, Vincent d’Indy, Catulle Mendès, ou encore Willy, le mari de Colette. Leurs textes ont donc une réelle valeur non seulement esthétique, mais aussi littéraire ; et la façon dont ils y mettent la langue écrite au service de l’art musical est fascinante. Il faut dénicher ces articles, les transcrire, les classer et les commenter.

L’œuvre de Debussy est si novatrice, sa manière de composer si inédite que cela déconcerte souvent ses auditeurs. Impossible pour les critiques d’apparenter ce qu’ils entendent à des courants artistiques connus ; les termes adaptés leur manquent, alors ils en forgent, ou contournent la difficulté. Ils ont souvent recours à un lexique très visuel, celui que l’on emploie pour parler de peinture ou de poésie. D’ailleurs, les titres que choisit Debussy confirment qu’il y a bien dans son œuvre une dimension visuelle : Estampes, Images, Arabesques, Épigraphes antiques, ou encore En blanc et noir…

Amateur d’art et de littérature, Debussy a nommé Nocturnes trois de ses pièces pour orchestre, d’après les tableaux de Whistler ; ses mélodies illustrent des poèmes choisis avec finesse chez Baudelaire, Verlaine ou Mallarmé par exemple. Avec lui, on jongle sans cesse entre les arts ; les critiques lui trouvent « la manière des primitifs en peinture », le définissent comme le Puvis de Chavannes, le Whistler ou le Mallarmé de la musique, comme un musicien-poète ou un décadent ; parlent à son propos de pointillisme, d’impressionnisme ou bien de symbolisme…

L’une de ses œuvres a provoqué la plus grande controverse critique de l’histoire musicale française : Pelléas et Mélisande, son drame lyrique créé en 1902 à l’Opéra-Comique, d’après la pièce de Maurice Maeterlinck. Pendant des semaines, la presse ne bruit que de Pelléas. L’œuvre est décriée ou louée au fil d’articles-fleuves dont le déferlement semble intarissable — près de 150 pour l’année 1902.

Quand le Prélude à l’Après-midi d’un faune est joué en 1894, il est considéré comme une œuvre faible, ennuyeuse et peu musicale. Mais quand Vatslav Nijinski, 18 ans plus tard, l’accompagne d’une pantomime dont l’étrange sensualité fait scandale, personne ne songe plus à nier que la pièce musicale est géniale. Pierre Boulez écrira, plus tard, que « La musique moderne commence avec L’Après-midi d’un faune ».

Comment l’image que nous connaissons du compositeur s’est-elle forgée à travers la réception de ses œuvres ? Quels enseignements esthétiques sur son époque pouvons-nous tirer de la lecture de ces articles ? L’enquête est passionnante : c’est une Cathédrale Engloutie qu’il faut remettre au jour." (Émilie de Fautereau Vassel)

Station Opéra
30 min

Programmation musicale

  • 12h52
    Météores - pour 17 instruments
    Météores - pour 17 instruments
    Michele Reverdy (Compositeur)
    Météores - pour 17 instruments

    Marius Constant (Chef d'orchestre), Ensemble Ars Nova Marius Constant

    Album Michèle Reverdy : Scenic railway et autres oeuvres (1990)
    Label SALABERT/ACTUELS , (SCD 9001)

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