Beethoven : "Ah perfido !" op.65 et Coriolan ouverture en ut mineur op.62

Portrait gravé de Ludwig van Beethoven circa 1800
Portrait gravé de Ludwig van Beethoven circa 1800 ©Getty - PHAS / Universal Images Group
Portrait gravé de Ludwig van Beethoven circa 1800 ©Getty - PHAS / Universal Images Group
Portrait gravé de Ludwig van Beethoven circa 1800 ©Getty - PHAS / Universal Images Group
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Séverine Garnier, Emmanuelle Giuliani et Piotr Kaminski élisent les versions de référence d'Ah perfido et de l'ouverture de Coriolan de Beethoven en direct du Studio France Musique à La Folle Journée de Nantes.

Emission diffusée en direct du Studio France Musique à la Folle Journée de Nantes.

la Tribune des internautes:

Quelles sont les meilleures versions de Coriolan-ouverture et "Ah perfido !" op.65 de Beethoven ?
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1) Coriolan, ouverture

compte-rendu:

Un déficit d’urgence, un chapelet d’épisodes sans dynamique : on décroche devant le Coriolan de Nikolaus Harnoncourt.

Tout manque à ce Beethoven... où pourtant rien ne manque, équilibre, transparence, animation… Mais Roger Norrington devrait mettre un soupçon de folie dans ce Coriolan propre sur lui.

Riccardo Chailly et le Gewandhaus de Leipzig animent une superproduction en technicolor : ce Beethoven superbement huilé, avec ses graves ronflants, offre un confort d’écoute qui, hélas, évacue les surprises.

Noir et blanc, ce Coriolan ? Un brin sec, disons. Soigné, rationnel, global. On voudrait que Paavo Järvi et son impeccable Philharmonie de Brême versent une goutte de sang et de fantasmagorie dans cette lecture ultra polie.

Ah cette rage, ce halètement, ce galop tragique, cette pulsation vers le désespoir et les précipices ! L’Orchestre symphonique de Chicago bâtit un Beethoven cinglant, aux rythmes implacables et aux basses sépulcrales : main de fer dans gant de fer, Fritz Reiner est sans concession.

Une version organique, comme animale, célébrée par un orchestre aux pupitres véloces, au grain noir, râpeux, avec une petite harmonie éclairant soudain cette chape noire. Jos van Immerseel et Anima Eterna narrent un Coriolan d’un seul tenant, tour à tour tendre, suffocant, épique.

palmarès:

N°1
Version F
Anima Eterna, dir. Jos van Immerseel (Alpha, 2006)

Beethoven : Coriolan, ouverture par l'ensemble Anima Eterna - Jos van Immerseel
Beethoven : Coriolan, ouverture par l'ensemble Anima Eterna - Jos van Immerseel
- Alpha

N°2
Version C
Orchestre symphonique de Chicago, dir. Fritz Reiner (RCA, 1959)

Beethoven : Coriolan, ouverture par l'Orchestre symphonique de Chicago - Fritz Reiner, dir.
Beethoven : Coriolan, ouverture par l'Orchestre symphonique de Chicago - Fritz Reiner, dir.
- RCA

N°3
Version A
Philharmonie de chambre de Brême, dir. Paavo Järvi (RCA, 2012)

Beethoven : Coriolan, ouverture par la Philharmonie de chambre de Brême - Paavo Järvi, dir.
Beethoven : Coriolan, ouverture par la Philharmonie de chambre de Brême - Paavo Järvi, dir.
- RCA

2) "Ah ! Perfido"

compte-rendu:

Le joli timbre de Charlotte Margiono se perd dans l’accompagnement de John Eliot Gardiner : un bel indifférent dont l’atonie gagne bientôt la soprano, engagée dans le récitatif, mais réduite à faire de la figuration dans un air privé soudain de ses mots.

Tempérament de feu à la scène, Karita Mattila met dans sa voix une énergie et des couleurs que le micro restitue mal. Elle n’est hélas pas aidée par une Staatskapelle de Dresde d’un prosaïsme surprenant entre les mains de Colin Davis.

D’abord un récitatif vindicatif, vraie scène de théâtre où la diva crache son venin devant tous. Puis une prière, une lumière intérieure : Cheryl Studer, timbre corsé et moyens opulents, réveille ce théâtre beethovenien au point de nous faire oublier la réserve de Claudio Abbado et de l’Orchestre philharmonique de Berlin.

La fusion et l’entente entre Karajan, le Philharmonia et Elisabeth Schwarzkopf laissent pantois. De cette scène tragi-comique, la soprano incarne la moindre inflexion, habitant jusqu’aux silences, mais surtout mordant le mot et se consumant, portée par une diction impeccable et un timbre adamantin. 65 après, cet « Ah ! Perfido » reste inégalable.

palmarès:

N°1
Version C
Elisabeth Schwarzkopf, Philharmonia Orchestra, dir. Herbert von Karajan (Warner, 1954)

Beethoven : "Ah ! Perfido" interprété par Elisabeth Schwarzkopf et le Philharmonia Orchestra - Herbert von Karajan, dir.
Beethoven : "Ah ! Perfido" interprété par Elisabeth Schwarzkopf et le Philharmonia Orchestra - Herbert von Karajan, dir.
- Warner

N°2
Version B
Cheryl Studer, Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Claudio Abbado (DG, 1991)

Beethoven : "Ah ! Perfido" interprété par Cheryl Studer et l'Orchestre philharmonique de Berlin - Claudio Abbado, dir.
Beethoven : "Ah ! Perfido" interprété par Cheryl Studer et l'Orchestre philharmonique de Berlin - Claudio Abbado, dir.
- DG

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