Harold en Italie d'Hector Berlioz

Le compositeur français d'Hector Berlioz (1803-1869)
Le compositeur français d'Hector Berlioz (1803-1869) - Aucun
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Jérôme Bastianelli, Jérémie Cahen et Chantal Cazaux élisent la version de référence d’Harold en Italie d’Hector Berlioz.

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Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau

Le contraste frappe entre les Siècles de François-Xavier Roth, au ton terrien, minéral, sinon rugueux, et l'alto pudique de Tabea Zimmermann. Mais où niche le feu berliozien ?

Une introduction façonnée comme une ouverture d’opéra, ménageant à l’alto d’Antoine Tamestit une entrée théâtrale, joliment nuancée. Pourtant les Musiciens de Louvre, sous l’égide de Marc Minkowski, affichent une sagesse étrangère à la démesure de Berlioz.

Aux Montagnes, le climat brumeux peint par l’Orchestre révolutionnaire et romantique se dissipe en d’aimables éclaircies : John Eliot Gardiner agence avec soin les strates sonores, tandis que le chant de l’alto de Gérard Caussé émeut. Mais que se passe-t-il dans cette Marche des pèlerins prosaïque et sèche comme une trique ?

Ici le beau son est roi, mais avec lui une uniformité de ton, comme si Colin Davis et l’Orchestre symphonique de Londres avaient écrêté les montagnes d'Harold. Le drame semble à peine esquissé, et si la Marche des pèlerins sonne admirablement, elle fait du sur place. L’alto altier de Nobuko Imai lui emboîte le pas, ligne idéale, reflets mordorés, mais si neutre...

Tension, couleur, engagement : Charles Munch et Boston jouent leur destin dès les premières mesures. La fresque de Berlioz est une plaque tectonique instable, pleine de pics et de failles. C’est le triomphe de la vie, des humeurs inattendues, telle cette Marche guillerette, comme sortie du Comte Ory ! Règne surtout l'alto princier de William Primrose, dont les phrases d'orfèvre valent murmures et confidences.

L’impérieux Igor Markevitch fait sourdre la mélancolie puis la menace, dans un paysage traversé d’ombres, de gouffres et de puits de lumière : cet Harold noir et menaçant conserve paradoxalement une étonnante clarté. La dramaturgie s’étoffe quand l’alto nous parle à l’oreille, tendre, fragile, à fleur de peau, au sein du spectacle cosmique que brosse l'Orchestre philharmonie de Berlin. La prière du II, d’une progression cinématographique, s’élève avec ferveur, tandis qu’au IV, les bandits hurlent et tapent du poing sur la table dans une atmosphère aussi sauvage que la tenue du chef est implacable.

Palmarès

N°1 : Version F
Heinz Kirchner, Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Igor Markevitch
DG (1955)

N°2 : Version D
William Primrose, Orchestre symphonique de Boston, dir. Charles Munch
RCA (1958)

N°3 : Version E
Nobuko Imai, Orchestre Symphonique de Londres, dir. Colin Davis
Philips (1978)

N°4 : Version B
Gérard Caussé, Orchestre révolutionnaire et romantique, dir. John Eliot Gardiner
Philips (1994)

N°5 : Version C
Antoine Tamestit, Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
Naïve (2011)

N°6 : Version A
Antoine Tamestit, Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
Naïve (2011)

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