

Stéphanie-Marie Degand, Piotr Kaminski et Jean-Philippe Thiellay élisent la version de référence d’Idoménée de Wolfgang Amadeus Mozart.
Emission enregistrée au Théâtre de l'Alliance Française jeudi 3 juin 2021.
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compte-rendu:
Une affiche de stars, avec un Plácido Domingo tout en muscles et une Cecilia Bartoli somptueuse dans la vindicte et les déchirements d’Idamante. Hélas, James Levine insuffle peu de vigueur et souffre d’une Ilia impossible.
Cet Idoménée d’un autre temps témoigne d’une étape dans la redécouverte du chef d’œuvre de Mozart : sur des tempi étirés, le geste théâtral de John Pritchard lorgne vers le XIXe siècle et accompagne des héros marmoréens. Et que de coupures et d’arrangements arbitraires !
Si l’Idamante de Trudeliese Schmidt est effacée, Werner Hollweg, Rachel Yakar et Felicity Palmer, admirables mozartiens, imposent de vrais caractères. Mais l’ensemble est bien raide, et la direction volontariste de Nikolaus Harnoncourt, avec ses maniérismes, contrarie le naturel de l’équipe.
C’est la cohérence du plateau qu’on louera en premier dans la version René Jacobs, portée par une pulsation vive, une fougue maîtrisée, et une lumière toute entière au service du théâtre. Richard Croft, vocalisateur précis, bien qu’un peu court de timbre, et Bernardo Fink, Idamante touché par la grâce, nous emportent dans leurs conflits. Et quel chœur ! Un excellent cru, peut-être trop… boutonné ?
Anthony Rolfe Johnson fait le prix de l’Idoménée implacable de John Eliot Gardiner : voix aux reflets cuivrés, mots à fleur de peau, et humain, tellement humain ; en face, l’Idamante pudique et radieux d’Anne Sofie von Otter, mais une Ilia assez mince (Sylvia McNair). Quant à Gardiner, il semble grisé de la virtuosité de ses musiciens et de son chœur. Narcissique ? Puissant quand même !
Qui aurait imaginé s’imposer l’Idoménée, déjà vieux de 35 ans, de Luciano Pavarotti ? Le ténorissimo, à défaut d’effectuer toutes les vocalises de l’exigeant Fuor Del mar, campe un roi hiératique, qui donne du poids à chaque mot, vivant par le soleil du timbre : et cette diction ! La distribution (Lucia Popp, Agnès Baltsa) témoigne d’un âge d’or du chant, tandis que la baguette de John Pritchard vaut pour son métier et son art d’embraser tout ce beau monde.
palmarès:
N°1
Version D
Luciano Pavarotti, Agnes Baltsa, Lucia Popp, Edita Gruberová, Choeurs de l’Opéra de Vienne, Orchestre philharmonique de Vienne, dir. John Pritchard (Decca, 1983)

N°2
Version B
Anthony Rolfe Johnson, Anne Sofie von Otter, Sylvia McNair, Hillevi Martinpelto, Monteverdi Choir, English Baroque Soloists, dir. John Eliot Gardiner (Archiv, 1990)

N°3
Version A
Richard Croft, Bernarda Fink, Sunhae Im, Alexandrina Pendatchanska, RIAS-Kammerchor, Freiburger Barockorchester, dir. René Jacobs (HM, 2008)

N°4
Version F
Werner Hollweg, Trudeliese Schmidt, Rachel Yakar, Felicity Palmer, Choeurs et Orchestre de l’Opéra de Zurich, dir. Nikolaus Harnoncourt (Teldec, 1980)

N°5
Version E
Richard Lewis, Léopold Simoneau, Sena Jurinac, Lucille Udovich, Chœurs et Orchestre du Festival de Glyndebourne, dir. John Pritchard (EMI, 1956)

N°6
Version C
Plácido Domingo, Cecilia Bartoli, Heidi Grant Murphy, Carol Vaness, Choeurs et Orchestre du Metropolitan Opera de New York, dir. James Levine (DG, 1994)

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