Sophie Bourdais, Jean-Charles Hoffelé et Yannick Millon élisent la version de référence de la Troisième Symphonie d'Albert Roussel.
Enregistrement public le 06 juin 2019 à 19h au Studio 109 de la Maison de la Radio.
compte-rendu:
Une Troisième de Roussel opaque et droite, lourde et ennuyeuse : dès les premières mesures, Marek Janowski se trompe de compositeur.
On pose beaucoup dans le Roussel de Stéphane Denève et de l’Orchestre National Royal d’Ecosse. Ces joliesses, ces traits surlignés, ces glissandi enamourés affichent certain narcissisme, dans une musique qui réclame l’extrême opposé.
Après un premier mouvement solaire, plein de vent dans les voiles, Leonard Bernstein et les newyorkais forcent hélas le trait. Le mouvement lent, lyrique, surexposé, ressemble à un troisième acte de Parsifal ou à du Mahler mal fait, débordant d’un pathos hors-propos.
C’est, dès les premières notes, une angoisse qui sourd, la promesse d’une bourrasque qui n’épargnera rien. A la tête d’un orchestre poussé dans ses retranchements, Charles Munch dirige comme si sa vie en dépendait. C’est du Jérôme Bosch en musique, une lame de fond qui s’abat, l’intranquillité puis la rage et l’urgence à l’état pur. Incroyable !
Ici, on danse ! Avec du sarcasme, et beaucoup de caractère. André Cluytens laisse s’échapper des accents grinçants et pulluler les couleurs, dans un geste volontaire qui abrase les timbres de la Société des Concerts du Conservatoire – tel un tableau d’Ensor grouillant et fantasque. Le lyrisme est sans cesse contenu, la tension ne décroit jamais, c’est une marche vers la lumière, dans une optique chorégraphique toute stravinskienne.
Le souffle et la souplesse, la mobilité et le rythme, l’élégance et la clarté, le foisonnement de lignes tracées sans surcharge. A la tête d’un Orchestre National de France en état de grâce, Charles Dutoit embrase et enchante Roussel, exalte son écriture en suractivité, ses étincelles jazzy, son esprit caustique, sa mélancolie, ses tournures tout à tour coquines ou séraphiques. C’est irrésistible. Et quelle prise de son !
palmarès:
N°1
Version B
Orchestre National de France, dir. Charles Dutoit (Erato, 1985)
N°2
Version D
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, dir. André Cluytens (Erato, 1965)
N°3
Version C
Orchestre des Concerts Lamoureux, dir. Charles Munch (Erato, 1965)
N°4
Version A
Orchestre philharmonique de New York, dir. Leonard Bernstein (Sony, 1961)
N°5
Version E
Orchestre National Royal d’Ecosse, dir. Stéphane Denève (Naxos, 2006)
N°6
Version F
Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Marek Janowski (RCA, 1994)
la Tribune des internautes:
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