Piotr Kaminski, Pauline Sommelet et Jean-Philippe Thiellay élisent la version de référence de l'opéra Manon de Jules Massenet.
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Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau
Ileana Cotrubas, avec cette larme dans le timbre, cisèle sa Manon, plus dans la mélancolie que la frivolité. Grand seigneur, Alfredo Kraus donne une leçon de chant, mais campe un Des Grieux un rien placide, qui glisse sur les mots. Et on aimerait que Michel Plasson et ses forces du Capitole montrent une conviction, un cap plus francs. Car la monotonie guette.
Nous voici en troupe à l’Opéra-Comique dans les années 1950, pris par la main par un Pierre Monteux orfèvre et humble artisan. La Manon de Victoria de los Ángeles peut être affaire de goût, mais on ne trouvera nulle part ailleurs ce mélange d’abandon, de féminité et de brio : ce Cours la Reine nous invite à un sacré spectacle. Et quel naturel, quel sens et quel goût des mots ! Henri Legay n’est pas de ce calibre, ténor un brin chétif vite dépassé par la tessiture dans les éclats héroïques. Reste le merveilleux témoignage d’une époque révolue.
Âpre bataille entre les versions Sills / Rudel et Gheorghiu / Pappano. Qui l’emportera ? La Manon de Julius Rudel a pour elle une Beverly Sills qui traduit, d’un mot, d’un soupir, toutes les facettes du rôle, fragile et à pleurer dans Adieu notre petite table , éblouissante dans l’artifice, où vocalises, trilles et ornements sont un festin en soi. Dans un français tout aussi parfait, Nicolai Gedda, intérieur, pudique, livre un Songe surnaturel. La baguette de Rudel tisse l’écrin parfait, anticipe, s’enflamme, honore chaque visage de cette partition mosaïque et respire en phase avec son duo tourmenté.
Antonio Pappano peint, lui, une Manon en technicolor. Nerveux, symphonique, brillant, ce Massenet déjà rempli d’effluves de Puccini est surtout auréolé du des Grieux hors norme de Roberto Alagna : le Songe est la perfection même – langue et musique – et la scène de Saint Sulpice le montre déchiré et blessé à mort : du grand art ! Manon, alias Angela Gheorghiu, est une jeune fille plus mûre que de coutume, languide dans la Petite table , cristalline dans la Gavotte , dotée de moyens qui s’accordent idéalement à ceux de son partenaire.
Palmarès
N°1 ex-aequo : Version A
Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Chœurs et Orchestre symphonique de la Monnaie, dir. Antonio Pappano
Warner (1999)
N°1 ex-aequo : Version B
Beverly Sills, Nicolai Gedda, Ambrosian Opera Chorus, New Philharmonia Orchestra, dir. Julius Rudel
DG (1970)
N°2 : Version D
Victoria de los Ángeles , Henri Legay, Chœurs et Orchestre de l’Opéra-Comique, dir. Pierre Monteux
Warner (1955)
N°3 : Version C
Ileana Cotrubaș, Alfredo Kraus, Chœurs et Orchestre du Capitole de Toulouse, dir. Michel Plasson
Warner (1982)
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