Chantal Cazaux, Piotr Kaminski et Charlotte Landru-Chandès élisent les versions de référence de trois mélodies de Reynaldo Hahn : "A Chloris", "Si mes vers avaient des ailes" et "L’heure exquise".
Emission enregistrée au Théâtre de l'Alliance Française jeudi 20 mai 2021.
Vous souhaitez participer à l'émission ?
Votez pour votre version préférée des mélodies de Reynaldo Hahn et tentez de gagner le disque France Musique de la semaine.
1) A Chloris
compte-rendu:
Au chant surdimensionné de Véronique Gens, plombée par un piano capricieux, on préfère l’élégance de Mady Mesplé, diction impeccable quoique style un brin daté. Susan Graham, admirablement secondée par Roger Vignoles, impose un timbre chaud et sensuel, dans un style lyrique qui écorne ça et là les consonnes. Aérien et diaphane, Philippe Jaroussky raffine sans doute à l’excès, mais ce ton intime est très à propos. Une optique tout aussi forte régit le Reynaldo Hahn lent et pudique de Stéphanie d’Oustrac, dont les accents tragiques interpellent. Pour autant, l’équilibre soupesé entre sens et diction, poésie et musique, sourire et nostalgie, c’est Marie-Nicole Lemieux qui le trouve, donnant un Chloris rêvé, main dans la main avec Daniel Blumenthal.
palmarès:
N°1
Version E
Marie-Nicole Lemieux, Daniel Blumenthal (Naïve, 2005)
N°2
Version B
Philippe Jaroussky, Jérôme Ducros (Erato, 2008)
N°3
Version C
Susan Graham, Roger Vignoles (Sony, 1998)
N°4
Version F
Stéphanie d’Oustrac, Pascal Jourdan (Ambronay, 2014)
N°5
Version A
Mady Mesplé, Dalton Baldwin (Erato, 1988)
N°6
Version D
Véronique Gens, Susan Manoff (Alpha, 2014)
2) Si mes vers avaient des ailes
compte-rendu:
Modèle d’intégrité, le Reynaldo Hahn de Tassis Christoyannis possède un grain vocal qui pare d’un cachet particulier l’art de ce fin mélodiste. François Le Roux, si complice avec Jeff Cohen, nous ouvre les portes d’un salon proustien et nous susurre Si mes vers avaient des ailes dans le creux de l’oreille. Dans cette optique, on appréciera encore davantage Jean-Christophe Benoit, qui chante comme il parlerait, évident de naturel et d’une grâce renversante. Si son devancier Jacques Jansen est plus rêche de timbre, Gabriel Bacquier, diseur flamboyant, aux aigus solaires ou usant d’un falsetto caméléon, franchit l’espace d’un élan viril. Et puis, Dietrich Fischer Dieskau, inattendu ici, confère élan et expression, brillant par son métier et son attachement aux mots. Alors qui choisir ?
palmarès:
N°1
Version D
Jean-Christophe Benoit, Bernard Ringeissen (Adès, 1976)
N°2
Version B
Gabriel Bacquier, Jean Laforge (Accord, 1962)
N°3
Version F
Dietrich Fischer-Dieskau, Hartmut Höll (Teldec, 1987)
N°4
Version A
François Le Roux, Jeff Cohen (REM, 1988)
N°5
Version E
Tassis Christoyannis, Jeff Cohen (PBZ, 2018)
N°6
Version C
Jacques Jansen, Jacqueline Bonneau (Decca, 1952)
3) L'Heure exquise
compte-rendu:
La ligne modelée par Rachel Yakar est admirable, et l’émission droite, tout comme le refus de l’abandon proposent une Heure exquise simple et concrète. Sophie Karthaüser, que soutient le piano inventif de Cédric Tiberghien, nimbe les mots de la douceur inouïe de son timbre, retenu et candide, jusque dans ses aigus sans vibration, recréant quelque atmosphère spectrale. Avec Ninon Vallin accompagnée du compositeur en personne, on fait un saut dans le temps : c’est une mélodie lancée comme un souvenir, où les intentions ne surchargent jamais la ligne : bref, « de la musique avant toute chose » ! La même école, mais à un degré supérieur, se retrouve chez Renée Doria, calme, limpide, extraordinaire de présence avec ses aigus flottants et son médium nourri, où le climat se réinvente à chaque vers. Enfin, Felicity Lott resplendit dans sa simplicité, diction ciselée, pianissimos à se damner, ne cherchant jamais à montrer : et comme Graham Johnson sait l’écouter ! A cela, Janet Baker ajoute des sonorités plus charnues, un art de la mezza voce, une ardeur et une longueur de souffle sidérante : un Reynaldo Hahn qui s’invente à mesure, tandis que les effleurements cristallins de Gerald Moore au piano font le reste.
palmarès:
N°1 ex-aequo
Version B
Renée Doria, Simone Gouat (Pléiade, 1956)
N°1 ex-aequo
Version F
Felicity Lott, Graham Johnson (Hyperion, 1995)
N°1 ex-aequo
Version E
Janet Baker, Gerald Moore (EMI, 1972)
N°2
Version D
Sophie Karthäuser, Cédric Tiberghien (Cyprès, 2011)
N°3
Version C
Ninon Vallin, Reynaldo Hahn (EMI, 1929)
N°4
Version A
Rachel Yakar, Claude Lavoix (Virgin, 1988)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation