Music for 18 Musicians de Steve Reich

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Le compte-rendu de Jérémie Rousseau

Les percussions s’installent trop tranquillement, privant la partition de son énergie initiale. Et puis, les parties se distinguent des autres au détriment du fondu général. Ce seront les limites de l’interprétation des Ensembles Contrechamps et Eklkeko, dernière en date du joyau de Reich.

Aigus perçants, graves pâteux, gestion difficile de la conduite rythmique : l’Ensemble Signal est desservi par un mixage qui compromet artificiellement l’équilibre des pupitres. Pourtant quelle pulsation !

Tout sonne clair et cru dans le Reich au scalpel de l’Ensemble Links, même si le déphasage est excessivement perceptible. D’envoûtantes diaprures extra-européennes passent ça et là, qui se muent en jazz tropical à l’entrée des maracas. Mais le précieux motorisme ne ferait-il pas sur place ?

Vingt ans après sa gravure princeps, Steve Reich remet son chef-d’œuvre sur le métier, entouré de ses musiciens : l’équipe opte pour un gros son, plein, jouissif, qui baigne l’auditeur dans une océan de rythmes frénétiques, kaléidoscope de timbres fondus en un bouquet d’opiacés hypnotiques.

L’énergie, la joie simple, les textures magiques, le son incarné, charnel, le naturel et la respiration faisant vibrer chaque répétition, tout y est, et sur un tempo parfait. Sans oublier l’esprit de groupe, le collectif irremplaçable, porté par un geste qui va sans cesse de l’avant : en 1976, année de sa création, Steve Reich et les siens gravent une Music for 18 musicians pour maintenant et pour toujours. Waouh !

Palmarès

N°1 : Version F
Steve Reich Ensemble
(ECM)

N°2 : Version E
Steve Reich and Musicians
(Nonesuch)

N°3 : Version B
Ensemble Links
(Kairos)

N°4 : Version D
Ensemble Signal
(HM)

N°5 : Version C
Ensembles Contrechamp & Eklekto
(Megadisc)

N°6 : Version A
Ensemble Modern
(RCA)