Le compositeur français César Franck (1822-1890) - Aucun

Quintette de César Franck

Dimanche 6 mars 2022

Le compositeur français César Franck (1822-1890) - Aucun

Fabienne Bouvet, Stéphanie-Marie Degand et Emmanuelle Giuliani élisent la version de référence du Quintette pour piano et cordes de César Franck.

Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau

Une belle énergie, avec toutes les prises de risque du live : l’équipe réunie autour d’Alexander Gurning et Renaud Capuçon chante un Franck engagé, lyrique et dramatique. On peut espérer une vision d’ensemble plus aboutie.

Le toucher miraculeux de Michel Dalberto fait tout : ce piano feutré, debussyste avant l’heure, apporte un moelleux et un sens du rebonds, tandis que les cordes enrobantes du Quatuor Novus ménagent les transitions, distillant quelque poison baudelairien. Un Franck intime, dit dans le creux de l’oreille.

Un Quintette de luxe, fêté par des stars : Heifetz, Primrose, Piatigorsky, Pennario avancent dans la musique avec l’urgence de jadis, même si le premier violon, princier, chante au dessus des autres. Dommage que le tempo rapide du II évacue sa douleur au profit d’une sérénade étrangement objective.

Quelle autorité dans le discours ! Sur un tempo lent, Sviatoslav Richter et le Quatuor Borodine peignent une tragédie sur le mode d’un vertigineux crescendo émotionnel, où les coups d’archet sont autant d’expressions de la souffrance. Un Quintette à la vie à la mort, mais souffrant d’un brin d’emphase.

Si le piano prend le pouvoir, les cordes se lèvent aussitôt telle une lame de fond : le superbe Quintette Syntonia joue d’un seul et même souffle, complice, faisant vibrer mélodies, reliefs et enchaînements. On est envouté par un Lento résigné, hypnotique, avant un finale sur des charbons ardents.

Catherine Collard et le Quatuor Orlando voient loin, dans une lecture qui procède d’une écoute attentive et d’une nécessité organique : ils ont l’art de faire entendre et résonner le silence entre les lignes d’une narration véhémente. Comment ne pas être bouleversé par l’esthétique dénudée du II, servie par le toucher splendide de la pianiste et le velouté des cordes ? Un Franck d’une cohésion et d’une concentration époustouflante.