Emission enregistrée le 26 février 2020 avec la participation de Chantal Cazaux (Avant-Scène Opéra), Emmanuel Dupuy (Diapason) et Piotr Kaminski (Diapason).
Compte-rendu
Que Georg Solti est pressé ! Et que cette urgence semble mécanique et superficielle, restituée d’ailleurs par une prise de son grisâtre… Alfredo Kraus, vocalement fondant, reste sur son quant-à-soi, Anna Moffo et Robert Merrill marquent peu leur rôle.
Rigoletto, un opéra de ténor ? On craque évidemment pour Luciano Pavarotti en Duc de Mantoue, comme on admire la pyrotechnie de Joan Sutherland en Gilda, mais le plateau inégal ne séduit pas outre mesure. Quant à la direction de Richard Bonynge, elle reste en deçà du drame.
On est surpris par la retenue, pour ne pas dire l’effacement de Carlo Maria Giulini dans un Rigoletto d’esprit routinier. Certes les fragilités d’Ileana Cotrubas jouent pour Gilda, avec cette larme sur le timbre, mais Piero Cappuccilli est insuffisant, et Plácido Domingo passe constamment en force.
Tullio Serafin laisse chanter son plateau, en premier lieu Maria Callas, belcantiste majeure, dont ce n’est pourtant pas le meilleur jour. Tito Gobbi est plus comédien que chanteur, le Duc de Giuseppe Di Stefano, très ragazzo, joue les coqs, et tire dans les aigus : on adore ou on rejette.
« Une carte postale du passé » admire un tribun à propos du Verdi de Renato Cellini, efficace chef de théâtre qui verse folie et frissons dans un Rigoletto haut en couleurs. En dépit d’une Gilda limitée dans ses élans dramatiques, le casting est idéal : il consacre un Léonard Warren, quintessence du baryton Verdi qui est la voix même du personnage, bouleversant dans la bonté, mordant dans l’invective, face à un Jan Peerce au ton plébéien. Une version à redécouvrir.
Rafael Kubelik fait tourner une à une les clés du mélodrame, d’une main nerveuse qui empoigne la musique de Verdi : vigueur, lyrisme et progression dramatique. Là dessus se greffe un quintette de rêve, des voix autant que des caractères de théâtre. En tête, Dietrich Fischer-Dieskau, précis dans l’expression, immense dans la présence, radiographie le personnage du bouffon, déchiré et déchirant. Renata Scotto a le velours, les aigus et les mille facettes d’une Gilda à la fois jeune fille et femme, tandis que Carlo Bergonzi dispense une leçon de chant et d’aristocratie dans le Duc de Mantoue. Inégalé.
Quelle est la meilleure version de l'opéra Rigoletto de Verdi ?
Autour de Jérémie Rousseau, Chantal Cazaux (l'Avant-Scène Opéra), Emmanuel Dupuy (Diapason) et Piotr Kaminski (Diapason) font part de leurs attentes quant à l'interprétation de Rigoletto de Verdi.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
► Participez et votez pour votre version préférée en cliquant sur le lien ci-dessus
palmarès
N°1 Version A
Sherrill Milnes, Joan Sutherland, Luciano Pavarotti, Ambrosian Opera Chorus, London Symphony Orchestra, dir. Richard Bonynge (Decca, 1972)
N°2 Version B
Piero Cappuccilli, Ileana Cotruba_ș_, Plácido Domingo, Chœurs de l’Opéra de Vienne, Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Carlo Maria Giulini (DG, 1979)
N°3 Version C
Dietrich Fischer-Dieskau, Renata Scotto, Carlo Bergonzi, Chœurs et Orchestre de la Scala de Milan, dir. Rafael Kubel_ík_ (DG, 1964)
N°4 Version D
Tito Gobbi, Maria Callas, Giuseppe di Stefano, Chœurs et Orchestre de la Scala de Milan, dir. Tullio Serafin (Warner, 1955)
N°5 Version E
Leonard Warren, Erna Berger, Jan Peerce, Robert Shaw Chorale, RCA Italiana Orchestra, dir. Renato Cellini (RCA, 1950)
N°6 Version F
Robert Merrill, Anna Moffo, Alfredo Kraus, RCA Italiana Opera Chorus and Orchestra, dir. Georg Solti (RCA, 1963)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation