

Elsa Fottorino, Emmanuelle Giuliani et Alain Lompech élisent la version de référence de la Troisième Sonate pour piano de Johannes Brahms.
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Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau
Rage, fougue, tempête : Bruno Leonardo Gelber tout feu tout flamme arrache au jeune Brahms des accents pleins de colère, à la limite de l’agressivité. Quel dommage que la prise de son vienne jouer les trouble-fêtes…
Le panache des premières mesures soulève l’enthousiasme. Mais dans sa façon de s’attarder sur les détails, d’alourdir et d’alanguir le propos, Alexandre Kantorow fait ployer la Troisième Sonate sous une couche de pathos, voire de complaisance dans le malheur que les critiques jugent gênante.
Le toucher de toute somptuosité de Jonathan Fournel vaut le voyage. Aussi est-on fâché de libertés, d’affectations et de de fluctuations qui font sombrer le second mouvement dans la guimauve, rapetissant la musique de Brahms et la ramenant à une succession de petits frissons.
Nelson Freire n’a pas son pareil pour habiter le texte, l’éclairer de l’intérieur, le chanter avec ce mélange de mystère, de pudeur et de noblesse. On est ému par la spontanéité et la juvénilité des deux premiers mouvements, culminant dans un Andante intime, d’une pureté magnifique, où se glisse un sourire qui dit l’envie d’un bonheur profond. Le final, en retrait, n’aura pas l’effervescence espérée.
L’apparente sobriété masque une dramaturgie hyper calibrée ; l’évidence de ce Brahms organique, équation parfaite entre le cœur et l’esprit, s’impose au fil d’un récit qu’Adam Laloum tend en retenant le tempo, pour culminer dans un ineffable Andante, chuchoté au creux de l’oreille, fluide et délicat avec ses sonorités irisées. Quelle fête !
Cette Sonate n°3 souveraine se construit dans un calme olympien, dans des phrases qui soulèvent l’auditeur, mais sans plaquer de sentiment qui ne serait pas dans la musique. Les arpèges scintillants du mouvement lent, tels une harpe céleste, lui confèrent une simplicité où passe aussi l’inquiétude, tout au long d’un cheminement quasi mystique… avant le tourbillon final du V. Geoffroy Couteau s’impose décidément comme le grand brahmsien du moment.
Palmarès
N°1 : Version E
Goeffroy Couteau
La Dolce Volta (2015)
N°2 : Version C
Adam Laloum
Harmonia Mundi (2020)
N°3 : Version A
Nelson Freire
Decca (2017)
N°4 : Version B
Jonathan Fournel
Alpha (2021)
N°5 : Version F
Alexandre Kantorow
Bis (2021)
N°6 : Version D
Bruno Leonardo Gelber
Denon (1992)
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