Stéphanie-Marie Degand, Philippe Venturini, et Emmanuelle Giuliani élisent les versions de références des Sonates K.141, K.87 et K.531 de Domenico Scarlatti.
Emission enregistrée jeudi 11 mars 2021 au Théâtre de l' Alliance française à Paris.
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1) Sonate K.141
compte-rendu:
Scott Ross, lent et peu inventif, est jugé terriblement raide. Christophe Rousset affiche, lui, une rigueur implacable mais on aimerait que son Scarlatti brille davantage. Justin Taylor met le feu à son clavecin, dans une conception frôlant l’hystérie, au goût de catastrophe maitrisée. Pierre Hantaï pousse le concept encore plus loin, et règle sa sonate telle une machine infernale, avec un clavecin prêt à exploser : un vigoureux orage juvénile, auquel on pourra préférer l’humour, le piquant, le sens de l’harmonie d’Andreas Staier, qui sait varier les reprises et colorer un instrument magnifique. Pourtant c’est Jean Rondeau qui ralliera les suffrages ; le voilà qui fait naître la Sonate K.141 sous nos yeux, la chante et la réinvente, avec humeurs, sens des joutes, des contrastes et de la fantaisie. Et quelle douceur dans ce toucher vif-argent, quel plaisir du son et de la narration : on est emporté !
palmarès:
N°1
Version F
Jean Rondeau (Erato, 2018)
N°2
Version D
Andreas Staier (DHM, 1990)
N°3
Version C
Pierre Hantaï (Mirare, 2002)
N°4
Version B
Justin Taylor (Alpha, 2017)
N°5
Version A
Christophe Rousset (L’Oiseau-Lyre, 1997)
N°6
Version E
Scott Ross (Erato, 1984)
2) Sonate K.87
compte-rendu:
Les tempi alanguis choisis par Aldo Ciccolini et Ivo Pogorelich noient la Sonate K.87 dans un sentimentalisme remarqué : le premier veut que Scarlatti ressemble à Mendelssohn, le second privilégie le chant de la main droite au point d’en oublier la polyphonie. On pourra s’attarder du côté de Vladimir Horowitz, seigneurial mais un rien précieux, ou bien découvrir la voix intime de Marcelle Meyer, donnant un Scarlatti d’un seul souffle, fiévreux dans sa lenteur et sa tenue. Mais Clara Haskil et Racha Arodaky sauront le mieux nous convaincre de la pertinence de Scarlatti au piano : la première en révélant les infimes fluctuations du texte, dans un mélange de dignité et de liberté, droite et pudique, la seconde glissant dans son piano des souvenirs de clavecin, arpégeant les accords, donnant des teintes liquides et perlées aux voix ; un Scarlatti contemplatif et nerveux à la fois, qui passe comme un rêve éveillé.
palmarès:
N°1 ex-aequo
Version E
Racha Arodaky (ZZT, 2005)
Version B
Clara Haskil (Philips, 1951)
N°2
Version F
Marcelle Meyer (EMI, 1954)
N°3
Version A
Vladimir Horowitz (RCA, 1981)
N°4
Version C
Aldo Ciccolini (EMI, 1962)
N°5
Version D
Ivo Pogorelich (DG, 1991)
3) Sonate K.531
compte-rendu:
Pieter-Jan Belder et Frédérick Haas jouent tous deux un clavecin sérieux sinon sévère et livrent un Scarlatti sans lumière ; c’est Kenneth Weiss qui, d’un toucher tonique, fête comme il se doit les traits du Napolitain, fin, fier et chantant. Au piano, Christian Zacharias lit avec charme et limpidité la Sonate K. 531, au risque de verser dans le décoratif, tandis qu’Anne Queffélec possède le goût du rebond et de la relance, dans un jeu qui ne traine pas. Enfin, c’est vers le Scarlatti fort de caractère de Lucas Debargue que les regards se tournent – ornementations et petites notes qui fusent, goût sûr, liberté indomptable.
palmarès:
N°1
Version E
Kenneth Weiss (Satirino, 2001)
N°2 ex-aequo
Version F
Christian Zacharias (Warner, 1979)
Version B
Lucas Debargue (Sony, 2018)
Version D
Anne Queffélec (Erato, 1970)
N°3
Version A
Pieter-Jan Belder (Brilliant, 2007)
N°4
Version C
Frédérick Haas (Calliope, 2002)
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