

Emmanuelle Giuliani et Alain Lompech et Philippe Venturini élisent la version de référence de la 3e Symphonie d'Anton Bruckner.
Emission enregistrée en public le 31 janvier 2019 à 19h au Studio 109 de la Maison de la Radio.
compte-rendu:
L’écoute se base sur la troisième version de la symphonie (1889).
Où sont l’architecture, la trajectoire, le mystère, les silences ? Andris Nelsons et le Gewandhaus de Leipzig offrent un Bruckner en pleine lumière, dont on se désintéresse sans même s’en rendre compte.
Sur un tempo vif, Riccardo Chailly expédie le premier mouvement, assène le moindre crescendo et multiplie les effets téléphonés. Certes la phalange berlinoise brille de tous ses feux mais cette Troisième Symphonie confine au banal.
On s’ennuie vite dans l’interprétation routinière de Kurt Sanderling : le geste est brutal, vindicatif, les pupitres livrent un jeu sans nuance ni noblesse, et cette vision pensée dans l’instant culmine dans un mouvement lent qui frôle la vulgarité.
N’est-ce pas un Bruckner trop lisse que propose Eugen Jochum, à la tête de ses glorieuses forces bavaroises ? Une lecture de tradition, appuyée et sans surprise, estiment les tribuns, regrettant un hédonisme poseur, une démonstration un peu pesante. Efficace et puissant néanmoins.
Quel monde ! Quelle force ! Le tempo très lent choisi par Sergiu Celibidache cisèle un Bruckner comme né du néant, qui s’invente au fur et à mesure ; jamais crispé ni massif, le premier mouvement évolue avec naturel, grâce à un tissu orchestral pur et décanté. Dans cette optique, le mouvement lent semblera éteint et le Scherzo trop terre à terre.
Tout le miracle de la Troisième se tient dans la narration évidente de naturel et de fluidité de Karl Böhm : un Bruckner hyper articulé, souple et dense, porté par des timbres en grâce (Vienne !), tour à tour âpres et vif-argent, où la hauteur de vue du chef insuffle une incroyable liberté de jouer. Le tempo est allant, les paysages traversés contrastés, les détails se fondent dans un lyrisme évitant tous les poncifs, où la noirceur menace pour aussitôt se faire clarté. Le Scherzo, à l’effervescence contagieuse, est un régal à lui seul. Magistral !
palmarès:
N°1
Version B
Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Karl Böhm (DG, 1970)

N°2
Version D
Orchestre philharmonique de Munich, dir. Sergiu Celibidache (EMI, 1987)

N°3
Version C
Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, dir. Eugen Jochum (DG, 1967)

N°4
Version F
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dir. Kurt Sanderling (Berlin Classics, 1963)

N°5
Version E
Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, dir. Riccardo Chailly (Decca, 1985)

N°6
Version A
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dir. Andris Nelsons (DG, 2016)

la Tribune des internautes:
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