Jérôme Bastianelli, Sophie Bourdais et Yannick Millon élisent la version de référence de la Symphonie n°4 de Tchaïkovski.
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Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau
Seules ont été prises en compte les versions des dix dernières années.
Une entrée en matière protocolaire, certainement pas frappée par le destin. Et puis tout est si propre et si appliqué que Paavo Järvi rend Tchaïkovski mortellement ennuyeux.
La fanfare introductive fait son effet, noire, menaçante. Mais cela retombe vite, et Valery Gergiev, dont c’est ici la troisième version discographique, verse dans le narcissisme, laissant jouer ses musiciens du Mariinsky la main sur le cœur dans une Quatrième lourde et molle.
La fièvre et la tension sont à la peine : Vasily Petrenko et ses forces de Liverpool ont peur de trop en faire. Le geste est sec, les équilibres calculés, mais cette lecture neutre et objective retire à Tchaïkovski son pouls vital. Le mouvement lent ressemble à un album à feuilleter au coin du feu.
Un Tchaïkovski qui chante, non sans noblesse ni sens du grandiose : on admire le travail d’orfèvre de Semyon Bychkov à la tête de la Philharmonie Tchèque ; alors pourquoi, dans le bouleversant mouvement lent, n’entend-on pas plus de mélancolie et moins d’alanguissement ? La lourdeur guette…
Christian Lindberg n’y va pas par quatre chemins, qui imprime au premier mouvement une force et un désespoir traversés par les soubresauts du fatum. L’ensemble est pourtant un rien rectiligne, avec une valse nerveuse. Doux et beau, l’ Andantino force un peu le trait, desservi par la lumière d’une prise de son blafarde. Monolithique, en somme.
La trajectoire dramatique se dessine tout de suite. Et le ton haletant ne lâche plus l’auditeur. Andris Nelsons empoigne la symphonie avec une énergie passionnée, y insuffle la rage de vivre voulue par Tchaïkovski, et donne au mouvement lent sa fièvre et son impérieuse nécessité. Et le final laisse éclater un fatum terrifiant, qui résonne tel un glas. Quelle tension ! Quelle course à l’abîme !
Palmarès :
N°1 : Version F
Orchestre symphonique de la ville de Birmingham, dir. Andris Nelsons
Orfeo (2011)
N°2 : Version D
Orchestre philharmonique de l’Arctique, dir. Christian Lindberg
Bis (2015)
N°3 : Version C
Orchestre philharmonique tchèque, dir. Semyon Bychkov
Decca (2018)
N°4 : Version B
Orchestre philharmonique royal de Liverpool, dir. Vasily Petrenko
Onyx (2015)
N°5 : Version E
Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, dir. Valery Gergiev
Mariinsky, (2015)
N°6 : Version A
Orchestre de la Tonhalle de Zürich, dir. Paavo Järvi
Alpha, (2019)
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