Vincent Agrech, Emmanuelle Giuliani et Yannick Millon élisent la version de référence de la Symphonie n°8 « des Mille » de Gustav Mahler.
Enregistrement jeudi 15 octobre 2020 au Studio 351 de la Maison de la Radio
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version préférée de la Symphonie n°8 "des Mille" de Mahler
compte-rendu:
Se peut-il que Leonard Bernstein s’égare à ce point chez un compositeur qu’il a servi comme nul autre ? Outrée, précipitée, d’une absence totale de discipline, avec une brochette de solistes alanguis, sa Symphonie « des Mille » sombre dans tous les excès : le mauvais goût l’emporte, personne ne comprend.
Les premières mesures du Veni Creator de Seiji Ozawa saisissent : quelle entrée en matière ! Mais la battue du chef s’étiole, et avec un chœur bien clair et des solistes trop exposés, le final laisse une impression de statisme et d’étirement : ça n’en finit pas. Vous avez dit ferveur ?
D’une belle rondeur, la masse chorale est fouettée par l’énergie initiale : hélas le discours retombe vite, et les phrases s’engluent, par manque de précision et de contours dans la direction de Rafael Kubelík. De cette lecture aux séquences morcelées s’élèvent toutefois des solistes de premier plan, Edith Mathis, Donald Grobe, et l’inouï Pater Ecsaticus de Dietrich Fischer-Dieskau.
Claudio Abbado et la Philharmonie de Berlin, vibrants à l’unisson, dessinent une Symphonie « des Mille » moins céleste qu’humaine : le chœur, d’une intériorité apaisée, cherche la tendresse et l’émotion, jusqu’à un final d’une tristesse extatique semblant pleurer le paradis perdu. Le danger sera de paraitre impersonnel, en dépit d’un plateau de luxe, Bryn Terfel et Peter Seiffert en tête.
L’exaltation, par l’équilibre ; le mysticisme, par la respiration. A travers un geste ferme mais jamais autoritaire, Giuseppe Sinopoli laisse se déployer des masses chorales pleines, soudées, qui savent mordre dans le texte puis se fondre dans un orchestre qui frémit, tout d’ondoiements et d’enluminures. A cela, des solistes flamboyants : écoutez, dans le chœur mystique, les aigus d’ange des deux sopranos se superposer, pour basculer en pleine lévitation. Gustav Mahler dans sa lumière. Quelle émotion !
Une franchise immédiate, des attaques tranchantes, un orchestre (Chicago) très pigmenté, une opulence chorale rehaussée de solistes en gloire (irrésistibles René Kollo et Lucia Popp) et surtout un élan théâtral irrépressible, traversé par une puissance sonore et une tension qui ne décroit jamais. Georg Solti ouvre les portes du paradis, et conduit cette Huitième brûlante et rutilante vers un banquet céleste, où ferveur se conjugue avec héroïsme. Un Mahler qui tutoie les cimes.
palmarès:
N°1
Version E
Wiener Singverein, Wiener Sängerknaben, Chœurs de l’Opéra de Vienne, Orchestre symphonique de Chicago, dir. Georg Solti (Decca, 1971)
N°2
Version C
The Southend Chorus, Chœurs et Orchestre Philharmonia, dir. Giuseppe Sinopoli (DG, 1990)
N°3
Version D
Chœurs de la Radio de Berlin, Tölzer Knabenchor, Chœur philharmonique de Prague, Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Claudio Abbado (DG, 1994)
N°4
Version A
Chœurs de la Cathédrale de Ratisbonne, Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, dir. Rafael Kubelík (Audite, 1970)
N°5
Version B
Chœurs et Orchestre symphonique de Boston, dir. Seiji Ozawa, dir. Seiji Ozawa (Philips, 1980)
N°6
Version F
Wiener Singverein, Wiener Sängerknaben, Chœurs de l’Opéra de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Leonard Bernstein (DG, 1975)
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