Sophie Bourdais, Emmanuelle Giuliani et Yannick Millon élisent la version de référence des Tableaux d’une exposition de Moussorgski / Ravel.
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Le Compte-rendu de Jérémie Rousseau
Beaucoup d’énergie déployée, mais par à-coups et sans nécessité interne. Les Tableaux d’une exposition de Valery Gergiev et du Philharmonique de Vienne se traînent et se délitent.
Une leçon d’orchestre, indéniablement. Avec un regard clinique, à la limite de l’indifférence, posé sur la narration. Hermétique aux promenades, Fritz Reiner fait claquer sa phalange de Chicago, au détriment du mystère et de la poésie de chaque Tableau. On n’y est pas.
Pesante et pompeuse, la première Promenade laisse la place à un Gnomus calme et mesuré. Le Ballet des poussins dans leurs coques est un délice, avec une petite harmonie canaille qui semble piailler. Inégaux, George Szell et l’Orchestre de Cleveland composent au final un sacré numéro !
On aime être accueilli par cette promenade aimable, légère, simple. Avant que ne surgisse un Gnomus redoutablement inquiétant, d’une faramineuse montée en puissance – accents secs, cuivres grinçants, glissandos paniques des cordes : ce climat ! Tout fusionne dans le Ravel narratif et cinématographique peint par les Siècles et François-Xavier Roth.
Les sortilèges de l’orchestre ravélien et l’âme de Moussorgski réunis sous la baguette de Karel Ančerl, à la tête d’une Philharmonie tchèque fruitée en diable. On est éblouis par le chahut et la cacophonie millimétrée des Poussins, tout en relief et rebonds, avec une petite harmonie acérée. La Cabane sur des pattes de poule débouche sur une Grande Porte de Kiev noble, scintillante, jamais lourde. Quelle dramaturgie ! Que de saveurs !
Geste imparable et main de fer, Igor Markevitch pousse dans ses retranchements un Philharmonique de Berlin des grands jours, aux cuivres rougeoyants. La Promenade nous prend par la main, chantante, Gnomus, féroce, expose des teintes sadiques : jouerait-on à se faire peur ? Samuel Goldenberg accumule une tension insoutenable, avec une trompette à la limite de l’incident, entrecoupée par des cordes arrogantes. Une mono de 1953 qui n’a pas fini de nous réserver des surprises !
Palmarès
1) : Version D
Igor Markevitch
DG
2) : Version C
Karel Ancerl
Supraphon
3) Version B
François-Xavier Roth
HM
4) : Version A
George Szell
Sony
5) : Version F
Fritz Reiner
RCA
6) : Version E
Valery Gergiev
Philips
L'équipe
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