Concerto pour piano n°3 de Beethoven par Alice Sara Ott, l'Orchestre philharmonique de Radio France & Mikko Franck

Alice Sara Ott
Alice Sara Ott ©Getty - Stefan Hoederath/Redferns
Alice Sara Ott ©Getty - Stefan Hoederath/Redferns
Alice Sara Ott ©Getty - Stefan Hoederath/Redferns
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Sous la direction de Mikko Franck, l’Orchestre philharmonique de Radio France nous fait entendre l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven. Ce soir, c'est au tour d'Alice Sara Ott de s’engager dans l'héroïque Troisième Concerto. Nous la retrouverons à l'entracte pour une interview.

Avec

Le concert, 1ère partie

Hector Berlioz
Béatrice et Bénédict (ouverture)
Orchestre philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction

Charles Gounod
Petite symphonie pour vents
Orchestre philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction

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© Radio France

Avec Alice Sara Ott

Benjamin François : Les musicologues discutent encore sur la date de composition - 1800 ou bien 1803 de ce fameux Concerto pour piano n°3 de Beethoven En faisant abstraction de ce débat : je voulais savoir si Alice Sara pensait avoir affaire ici à un "nouveau" Beethoven. En faisant abstraction de ce débat, pensez-vous avoir affaire ici à un "nouveau" Beethoven ?

Alice Sara Ott : Je ne le dirais pas comme cela, parce que je pense qu’en comparaison au 5ème Concerto pour piano par exemple, on a affaire ici à de la musique de chambre. De par le volume, de par la répartition des instruments, il ressemble énormément au 2ème et au 1er Concerto. Et pour moi le 1er Concerto pour piano a une écriture bien plus symphonique que ce 3ème. Et dans le cas de ce 3ème Concerto, on a vraiment l’impression que c’est de la musique de chambre.

Benjamin François : On est encore pour ainsi dire dans un salon…

Alice Sara Ott : Tout à fait, on est dans un salon, tout est beaucoup plus fragile. Peut-être aussi parce qu’il est écrit en mineur et que la dynamique est très faible, on joue beaucoup dans les nuances piano et pianissimo, et il faut nous écouter énormément entre nous, c’est la raison pour laquelle je ne sais pas vraiment si c’est un nouveau Beethoven. Chez Beethoven, il y a toujours énormément de nouveaux aspects, par exemple la cadence qui relève d’une écriture très romantique. Mais ce que je trouve très réussi dans ce concerto, c’est la transition du 1er au second mouvement, parce que le 1er mouvement est écrit en do mineur, dans cette tonalité mystérieuse, et le 2nd mouvement est écrit en mi majeur, une tonalité qui n’a pas grand-chose à voir avec do mineur. On a cette même configuration dans la 1ère Symphonie de Brahms par exemple, mais c’est déjà plus tardif…

Benjamin François : Il s'agit du seul Concerto pour piano de Beethoven dans une tonalité mineure (do mineur). C'est aussi cette tonalité qu'il a choisie pour ses œuvres les plus dramatiques et les plus héroïques (5ème Symphonie, Sonate pour piano op. 13 "Pathétique"), en un mot pour ses œuvres "Sturm und Drang" : comment essayez-vous de transmettre cette intensité émotionnelle ?

Alice Sara Ott : On le fait de manière automatique lorsqu’on joue, lorsqu’on sent, lorsqu’on vit cette musique. Il y a beaucoup de dramatisme là-dedans, mais pour moi, bon d’accord, elle a un côté très pathétique comme la 5ème, la « symphonie du destin »qui est pleine de pathos, mais cette pièce a comme une finesse, et contient même un certain cynisme.

Benjamin François : Dans quelle mesure du « cynisme » ? Voilà une idée intéressante…

Alice Sara Ott : Elle contient beaucoup d’éléments que l’on ne peut pas montrer du doigt, que l’on ne peut nommer, ou juste par allusion, avec le sens de la nuance, la pièce doit beaucoup à choses, et tout peut très vite se décomposer, et c’est pourquoi il est très important de travailler ensemble avec l’orchestre et le chef, et je ne conçois pas l’œuvre comme un piano solo et l’orchestre qui accompagne. C’est vraiment de la musique de chambre où chaque instrument a un rôle important à jouer.

Benjamin François : On dit souvent que ce 3ème Concerto est le 1er concerto pour piano de Beethoven avec un geste réellement symphonique. Vous sentez-vous en tant que pianiste comme dans un salon (en adaptant votre son et votre jeu à ce paramètre) ou bien déjà dans une salle de concert plus vaste ?

Alice Sara Ott : Oui, de toute façon, c’est de la musique de chambre, et il faut oser le rapport intimité entre nous, car quand on est habitué à jouer dans de grandes salles de concerts, le rapport dynamique « piano », « forte » dépend vraiment du type d’acoustique. Alors avec cette pièce, il faut oser aller presque au niveau 0, et cela ne peut fonctionner que quand les 2 parties osent le faire.

Propos recueillis et traduits de l'allemand par Benjamin François le vendredi 26 janvier 2018.

Illustrations musicales :

  • Ludwig van Beethoven : Sonate n°3 en ut majeur op. 2 n°3 Scherzo, par Alice Sara Ott (piano) / DG 2010
  • Ludwig van Beethoven : Sonate n°21 en ut majeur op. 53 « Waldstein », par Alice Sarah Ott (piano) / DG 2010

Le concert, 2ème partie

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n°3
Alice Sara Ott, piano
Orchestre philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction

_*BIS : Ludwig van Beethoven
*_Bagatelle pour piano n°25 en la mineur « Für Elise » (Lettre à Elise)
Alice Sara Ott (piano)

Frédéric Chopin
Walzer n°11 en la mineur, 19 Valses
Alice Sara Ott, piano
DGG 2009

Frédéric Chopin
_Valse en mi majeur n°12, 19 Valses
_Alice Sara Ott, piano
DGG 2009

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