Gilbert Nouno, Mozart, Hristina Susak, Marc Monnet, Mauricio Kagel, Olga Neuwirth. Par L'EIC et Léo Warynski.

Le chef d'orchestre Léo Warynski
Le chef d'orchestre Léo Warynski - Manuel Braun
Le chef d'orchestre Léo Warynski - Manuel Braun
Le chef d'orchestre Léo Warynski - Manuel Braun
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Un "concert" exceptionnel à tout point de vue par l'Ensemble Intercontemporain et le chef Léo Warynski. Enregistré à la Cité de la musique le 13 mars alors que s'annonçait le confinement.

Enregistrement réalisé le 13 mars 2020, à la Cité de la Musique, à la Philharmonie de Paris. 

  • L'Enregistrement très particulier d’un concert qui n’a pas eu lieu ! 

Ce concert exceptionnel a été enregistré dans la journée, en répétition, sans public et donc sans applaudissement après chaque pièce !
En effet, le vendredi 13 mars, alors que le Premier Ministre annonçait l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes, à la Cité de la Musique à Paris dans la Salle des concerts, l’Ensemble Intercontemporain répétait pour le concert du soir… on a compris qu’il n’aurait pas lieu.
Les équipes de France Musique étaient sur place pour enregistrer. Comme à l’accoutumée on enregistre également la répétition générale, afin de mettre au point les meilleures prises de son selon les œuvres et les emplacements des musiciens sur le plateau, et aussi afin de pouvoir faire du montage, si besoin, entre la version enregistrée pendant le concert et l’enregistrement de la répétition. Nous avons donc enregistré la répétition générale, grâce à notre équipe, Pierre Bornard avec Laurent Césard, Olivier Leroux et Julien Calvas, le chargé de réalisation Jean-Claude Mullet et le musicien metteur en ondes Daniel Zalay.
L’équipe s’est concertée avec le chef d’orchestre, Léo Warynski, pour s’assurer de la qualité de cet enregistrement avant diffusion…
Léo Warynski n’était pas prévu initialement, Matthias Pintscher, le directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain, devait enregistrer ce concert, mais lui aussi était coincé à New York, puisque le 11 mars au soir, le Président des Etats-Unis avait annoncé que les frontières états-uniennes seraient désormais fermées aux voyageurs venant de l’espace Schengen, impossible donc pour Matthias Pintscher de repartir vers New York, après le concert… 

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Le programme :

s’intitulait « Grand Soir », une formule qui permet d’associer un certain nombre de partitions autour d’un thème, ce soir-là, le « Cabinet de curiosités ». Il commençait avec un compositeur curieux, Gilbert Nouno, qui avait imaginé une pièce pour trois triangles et électronique, en se souvenant des boîtes à rythme électroniques. Sa pièce intitulée Feedback, donnée en création mondiale, était une commande de l’Ensemble Intercontemporain.

Suivait une curiosité plus ancienne avec harmonica de verre, instrument qui eut son heure de gloire à la fin du 18e et au début du 19e siècle. Mozart s’est intéressé à l’instrument à l’occasion de la tournée d’une jeune virtuose aveugle, Marianne Kirchgässner, celle qui a créé en août 1791 ce qui devait être la dernière œuvre de musique de chambre de Mozart, on y entend l’harmonica de verre. Quatre solistes de l’Ensemble Intercontemporain, entourent le spécialiste de l’harmonica de verre Friedrich Heinrich Kern.

Hristina Šušak, jeune compositrice née en 1996 et formée à Vienne, s’est souvenue de la personnalité enfantine de Mozart pour cette pièce intitulée Infans, entièrement construite autour de l’idée du glissando, qui se referme sur un intervalle de tierce mineure, qui évoque l’idée de la berceuse. Une commande de l’Ensemble Intercontemporain, donnée en création mondiale.

La pièce de Marc Monnet intitulée Bosse, crâne rasé, nez crochu, titre que le compositeur emprunte à une description d’un des personnages du théâtre latin des atellanes, le niais Maccus, est écrite pour deux pianos, ensemble et électronique. Marc Monnet évoque une relation intégrée, sans domination ni préférence. Pour ce concert, les musiciens proposent quatre mouvements de cette partition de grande envergure. L’électronique est assurée par Gilbert Nouno, qui avait déjà réalisé l’informatique musicale lors de la création de la pièce il y a vingt ans.

Deux pièces de Mauricio Kagel, que Marc Monnet a bien connu, et avec qui il partage quelques traits, ces deux pièces sont tirées du cycle La Rose des Vents, composé pour un petit orchestre de salon. Le compositeur s’est intéressé à la manière dont on envisage les lieux géographiques indiqués par la boussole, selon l’endroit dont on est originaire. Kagel était né à Buenos Aires, évidemment pour lui le sud et le nord n’évoquaient pas les mêmes réféfences et les mêmes sensations que pour ceux qui sont nés dans l’hémisphère nord. Avec Osten, l’Est, le compositeur imagine qu’il se trouve en troisième classe dans un train quelque part entre la Transcarpatie et le golfe de Finlande, Nordwesten, le nord-ouest, est inspiré par la musique autochtone des Andes sud-américaines.

Le concert se refermait avec une pièce de jeunesse de la compositrice Olga Neuwirth, écrite en 1993, Lonicera Caprifolium pour ensemble et bande, le titre évoque le chèvrefeuille des jardins…

Le mot du jour
5 min

Le concert :

Gilbert Nouno (né en 1970) : Feedback, pour trois triangles et électronique (2018-2020, commande de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale)                        Gilles Durot, triangles
Gilbert Nouno, électronique
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Adagio et rondo pour harmonica de verre, flûte, hautbois, alto et violoncelle, K. 617 (1791) Friedrich Heinrich Kern, harmonica de verre
Emmanuelle Ophèle, flûte
Philippe Grauvogel, hautbois
Odile Auboin, alto
Eric-Maria Couturier, violoncelle
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Hristina Susak (née en 1996) : Infans pour harmonica de verre, flûte, hautbois, alto et violoncelle (2020, commande de l’Ensemble Intercontemporain, création mondiale) Friedrich Heinrich Kern, harmonica de verre
Emmanuelle Ophèle, flûte
Philippe Grauvogel, hautbois
Odile Auboin, alto
Éric-Maria Couturier, violoncelle
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Marc Monnet (né en 1947) : Bosse, crâne rasé, nez crochu pour deux pianos et ensemble avec électronique (1998-2000) – I. Tulipes, II. = 76, III. = 64, IV. = 120 Hideki Nagano, piano
Dimitri Vassilakis, piano
Ensemble Intercontemporain
Léo Warynski, direction
Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Mauricio Kagel (1931-2008) : Die Stücke der Windrose : Osten (1989), Nordwesten (1991) pour orchestre de salon  Ensemble Intercontemporain
Léo Warynski, direction
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Olga Neuwirth (née en 1968) : Lonicera Caprifolium pour ensemble avec bande magnétique (1993)  Ensemble Intercontemporain
Léo Warynski, direction
Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale
Enr. 13 mars 2020 (Paris, Cité de la Musique)

Prise de son pour France Musique : Pierre Bornard, Laurent Césard, Olivier Leroux et Julien Calvas
Réalisation : Jean-Claude Mullet
Musicien metteur en ondes : Daniel Zalay

Actualité discographique :

Un très bel enregistrement qu’on ne trouve qu’en numérique, puisqu’il s’agit d’une production de l’Orchestre national d’Auvergne, qui s’est doté d’un label phonographique entièrement digital. L’enregistrement a eu lieu en octobre 2020 à Clermont-Ferrand, dans le cadre du festival « Musiques démesurées », il réunit un prélude symphonique en deux mouvements de Thierry Escaich et une pièce pour violoncelle et orchestre à cordes de Betsy Jolas. A l’origine, il devait s’agir d’une courte pièce pour le violoncelliste Anssi Karttunen, mais au fur et à mesure de la composition, Betsy Jolas a vu la partition gagner en ampleur, jusqu’à cet aboutissement d’une pièce de dix-neuf minutes, intitulée « Side Roads », cette pièce donnée en création française, le 31 octobre dernier, par Anssi Karttunen, avec l’Orchestre national d’Auvergne était dirigé par son directeur musical Roberto Forés Veses.

Betsy Jolas (née en 1926) : Side Roads pour violoncelle et orchestre à cordes Anssi Karttunen, violoncelle
Orchestre National d’Auvergne
Roberto Forés Veses, direction
Enr. 31 octobre 2019 (Clermont-Ferrand, Opéra-Théâtre)
21 Music 065

L'invité du jour
27 min

Ce disque monographique de Philippe Boesmans, réunit des œuvres d’époques différentes, son Concerto pour violon qui avait beaucoup marqué il y a quarante ans, son Capriccio pour deux pianos et orchestre d’il y a une dizaine d’années, et Fin de nuit, pour piano et orchestre, composé en 2019, un diptyque imaginé pendant les répétitions de son dernier opéra Pinocchio, présenté au festival d’Aix en 2017. Le premier volet, Dernier rêve, est bien dans la manière onirique de Philippe Boesmans, tandis que le second, Envols, doit beaucoup à sa rencontre avec le pianiste David Kadouch.

Philippe Boesmans (né en 1936) : Fin de nuit pour piano et orchestre (2019) – 1. Dernier rêve, 2. Envols David Kadouch, piano
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Gergely Madaras, direction
Enr. mars 2019 (Liège, Salle Philharmonique)
Cypres CYP4656

Les grands entretiens
27 min

Ce disque réunit des pièces pour deux pianos de John Cage et d’Erik Satie – pour ce dernier, il s’agit d’un arrangement du Socrate de Satie par John Cage lui-même. On y trouve aussi les Experiences pour deux pianos et Trois Danses pour deux pianos préparés de John Cage, les deux pianistes sont Jay Gottlieb, un des spécialistes de longue date de ce répertoire, et Anne de Fornel, qui est aussi musicologue et à qui l’on doit l’an passé un ouvrage sur John Cage paru chez Fayard…

John Cage (1912-1992) : Three Dances pour deux pianos préparés – 2. Dance 2 Anne de Fornel, Jay Gottlieb, pianos préparés
Enr. 2019 (Paris)
« Cage meets Satie / Works for Two Pianos »
Paraty 159183

Programmation musicale

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