La soprano Maria-Christina Kiehr, la mezzo-soprano Alice Habellion, la soprano Violaine Le Chenadec, la basse Etienne Bazola et le Concerto Soave placés sous la direction de Jean-Marc Aymes interprètent La conversion de Marie Madeleine de Bononcini .
Concert donné le 7 mars 2014 à 20 h00 en l'Abbaye Saint Victor à Marseille dans le cadre du festival "Mars en Baroque", présenté par Benjamin François.
♫ Giovanni Bononcini
*La Conversion de Marie-Madeleine (c.1690) *
Maria Cristina Kiehr, Soprano, Maria Maddalena
Alice Habellion, Mezzo-soprano, Marta
Violaine Le Chenadec, Soprano, Amor Divino
Etienne Bazola, Basse, Amor Profano
**Concerto Soave **
Jean-Marc Aymes, Direction
Première Partie
1 – Sinfonia
2 – Aria, Amour divin :
« Taisez-vous, flatteuses tromperies sonores de l’âme, cessez. Ou bien dévoilez les voix célestes, la suprême vertu des étoiles »
3 – Récit, Marthe :
« Suivant les paroles sorties de cette bouche qui ouvre vers les lumières cachées et calme la fureur de l’Enfer et commande à la Mort, il est temps que, repentie, tu retournes, O Madeleine, de la mort de l’âme à une vie meilleure »
4 – Air, Marthe :
« Sors maintenant de la fange immonde de l’aveugle amour profane.
A travers les horreurs, O Dieu, repentie, tourne ton coeur vers Dieu, qui t’invite au Ciel. »
5 - Récit, Madeleine :
« Je garde gravés dans mon âme le sens et dans mon oreille le son des paroles divines ; mais que je doive consacrer la meilleure partie de ma vie, dans la fleur de mon âge, aux pleurs et au chagrin ! Seule la gravité de la vieillesse est astreinte à une si dure loi, mais la jeunesse n’y est pas sujette. »
6 – Air, Madeleine :
« Tant que rient les roses odorantes sur le front de la beauté, on rend hommage à ce temps serein de calme repos qui seul donne la joie. »
7 – Récit, Marthe :
« Sous les roses se cache la dent porteuse de douleur du serpent insidieux »
Madeleine :
« Mais d’un avril entier un seul serpent ne peut empoisonner toutes les fleurs »
Marthe :
« Pourtant les épines sont toujours proches des roses de l’amour »
Madeleine :
« Ah, trop agréables sont les blessures de l’arc du beau sourcil d’un coeur amoureux »
8 – Duo, Marthe :
« Qui apprécie seulement la beauté, qui s’évanouit dans un coup d’oeil, n’est pas digne de jouir »
Madeleine :
« Qui méprise la beauté, qui s’épanouit dans un coup d’oeil, n’est pas digne de jouir »
Marthe :
« Doux amour dans ton coeur empoisonne tout plaisir »
Madeleine :
« Doux amour dans mon coeur rassérène tout plaisir »
9 – Récit, Marthe :
« Madeleine, assez ! Reste seule un instant, si tu t’aimes toi-même, à consulter le meilleur de tes pensées. Tu verras si tu préfères suivre avec un coeur ferme l’Amour profane ou le sacrosaint Amour. »
10 – Air, Amour Divin :
« Le temps fuit, et s’envole avec lui tous les contentements. Seul demeure la plainte, et seul le repentir après la faute. »
11 – Récit, Amour Divin :
« Malheureuse Madeleine, tu ne vois pas encore la profane idolâtrie de ta beauté lascive ?
Misérable, tu ne comprends pas, du fond de ton âme, les apparences déformées, les délices homicides, les fautes horribles ? »
12 – Air, Amour Divin :
« Ecoute l’Ether qui, formidable, murmure tout entier contre toi. Vois l’Erèbe qui, inexorable, ouvre un gouffre sous tes pieds. »
13 – Récit, Madeleine :
« A ces paroles terribles de menaces brutales, au nom, au tonnerre d’un si grave péril, le sang, O Dieu, se glace dans le coeur. De mes fautes passées je connais les fous excès, je change mes pensées et mes voeux, je méprise les vains trésors, et j’enfouis à l’instant les fautes envolées dans mes pleurs. »
14 – Air, Madeleine :
« En tièdes fleuves de larmes amères dissolvez vous, ô yeux, la peine m’est chère. Les plaies d’amour des yeux implorants soignent le coeur avec ses pleurs. »
15 – Récit, Amour Profane :
« Celle qui de Béthanie est née la plus belle et dame illustre, qui de ses blonds cheveux a enchainé les amours de tout Israël, la voilà moquée partout en un instant, fable et risée de la plèbe la plus vile. »
16 – Air, Amour Profane :
« Un tel mépris pour tant d’honneurs ? Pourquoi si négligente, O Dieu ? Déjà ta beauté s’envole dans la douleur. »
17 – Récit, Amour Profane :
« Ah, non : rappelle toi les présents de ta naissance, change une si vaine pensée, essuie tes yeux ; celle qui t’a orné d’une telle beauté et fille des Astres, et reine de tous les coeurs. »
18 – Air, Amour Profane :
« Sur l’avril de ton beau visage, chaque étoile a versé mille grâces ; mais celui qui, fou, méprise l’honneur d’un si grand don n’est pas digne de pardon. »
19 – Récit, Madeleine :
« Oui, oui, cher Amour, je suis les traces fleuries de tes plus joyeux sentiments, et de tout autre conseil je méprise les devoirs. »
20 – Trio
Madeleine : « Je jouirai... »
Amour Divin : « Tu te repentiras... »
Madeleine : « ...la beauté... »
Amour Divin : «… qui passe et s’envole,... »
Madeleine : « ... la fraicheur de la jeunesse... »
Amour : « ... qui de toi s’échappe, et ne retourne, O Dieu, jamais. »
Duo
Madeleine : « Je jouirai... »
Amour Profane : « ... tu te repentiras... »
Madeleine : « ... je pleurerai... »
Amour Profane : « ...tu te trompes... »
Madeleine : « ... mes fautes... »
Amour Profane : « ... dans un âge avancé. »
Madeleine : « offensent les Astres. »
Amour Profane : « A la piété jamais le Ciel n’est fermé. »
21 – Récit
Madeleine : « Ciel, à quel de ces affects si différents dois-je me résoudre, ballottée et blessée ? »
Amour Profane : « Contente de jouir... »
Amour Divin : « ... ou soupirer repentie. »
Madeleine : « Ainsi de ma liberté qui aura la palme et se vantera du prix ? »
Amour Profane : « Le plaisir... »
Amour Divin : « ... la pitié... »
Amour Profane : « ... le rire... »
Amour Divin : « ...la plainte... »
22 – Air, Madeleine :
« Coeur rebelle à deux ennemis, comment résisteras-tu ? Dans la douleur instable qui m’ôte l’âme du coeur, cette âme ne sait ni jouir ni languir. »
23 – Récit, Marthe :
« Madeleine, tu vois maintenant les profanes ornements des pompes passées, et cela ne convainc pas encore ta volonté ? Dieu, si un si tendre amour de toi-même ne t’éloigne, jette les ors et les pierres précieuses, apprends la tromperie du plaisir passé, et amende tes yeux de leurs erreurs. »
24 – Air, Marthe :
« Arme toi contre toi-même de dédain et de rigueur. Chasse les vaines dignités, éteins les flammes indignes, fais disparaitre l’insane amour. »
25 – Récit, Madeleine :
« Oui, oui, je me résous, dans le flot de mes pleurs, oui je me résous...mais qu’est ce donc qui aboie à mes dépens, d’une langue hardie, ces paroles mordantes ? »
Marthe : « La peur couarde et cruelle, qui effraie le Monde aux côtés de Dieu. »
Madeleine : « Celles, qu’Il me donna pourtant, de la beauté de ma naissance et de ma noblesse ? »
Marthe : « Ce ne sont que tromperies des sens et de la pensée, et seul prévaut sur le corps maigre et fragile, l’honneur intérieur et la beauté de l’âme. »
26 – Air, Madeleine :
« Oui, oui, je me résous à soigner l’infidélité de mon coeur avec ma douleur. Pupilles aimantes, pleurez de vos regards la liberté. »
27 – Récit, Amour Profane :
« Fille, plus de soupirs, un seul moment de repentir est suffisant pour mille fautes. Essuie tes beaux yeux, car on peut encore sans autre martyre, jouir sur les étoiles. »
28 – Quatuor
Madeleine, Amour Profane : « Vivre content parmi les lys et les roses, n’est pas une folle mais une sage pensée. »
Marthe, Amour Divin : « Vivre content parmi les lys et les roses, n’est pas une sage mais une folle pensée. »
Madeleine, Amour Profane : « Car avec le sourire gracieux de la beauté on ne perd pas le plaisir éternel. »
Marthe, Amour Divin : « Car avec le sourire gracieux de la beauté on n’achète pas le plaisir éternel. »
Seconde Partie
29 – Sinfonia
30 – Air, Madeleine :
« Poursuivez, poursuivez, sonores harmonies, portez dans mon sein de suaves contentements. Le fou qui vous ferme l’oreille du coeur ne mérite pas l’honneur d’un seul jour serein. »
31 – Récit, Madeleine :
« Au murmure agréable d’harmonies si rares, je me tourne vers toi, cristal si pur, seul ministre fidèle de mes désirs, et vrai conseiller : dans ton éclat je vois se refléter les formes les plus agréables de mon visage, et je donne des lois fleuries à ma chevelure éparse.
32 – Air, Amour Profane :
« Fils d’or qui retenez la liberté de l’âme dans une blonde prison, la majesté du soleil ne répand pas dans l’Ether de plus beaux rayons que vous. »
33 – Récit, Amour Profane :
« Ceci n’est pas mépriser les lois du Ciel ni piétiner ses honneurs, mais bien idolâtrer l’image du Ciel lui-même. »
Marthe : « Que vois-je ? Comment, O Cieux, avec une pensée volubile tu retournes à tes premiers errements ? Et tu ne crains pas, O Dieu, la faux toujours si proche de la Mort, qui portera les vengeances de la colère divine, et dans les sombres horreurs ensevelira les ardeurs de ta beauté ? »
34 – Air, Marthe :
« Ce visage, cette bouche, ce cil, cette chevelure la mort les enfermera sous un froid rocher. Une si charmante beauté deviendra la triste pâture de vers fétides. »
35 – Récit
Madeleine : « Oh, d’un esprit indiscret conseil épouvantable, horribles paroles! »
Marthe : « Remède opportun à tes défauts. »
Madeleine : « Ce n’est pas ainsi, dans le cours de ma vie, que j’imagine le voile de la Mort. Et les flammes du Ciel en colère ne crépitent pas où la clémence règne.»
Marthe : « Cependant, une piété qu’on déçoit devient sévère. Dieu, si d’aimer en retour celui qui t’aime, tu as un si cher désir dans ton coeur, change seulement l’objet de ton amour, ne sois plus aveugle : ne résiste plus à l’Amour Sacré. »
36 – Duo
Marthe : « Tu te réjouiras dans les ardeurs sacrées, ton esprit toujours heureux. »
Madeleine : « Sans rires et sans honneurs, comment puis-je me réjouir ? »
37 - Récit – Amour Divin :
« Du seuil de l‘Empyrée, sous une dépouille mortelle, descend pour toi le Roi du Ciel. Tout amour, tout empressement, il te cherche et te réclame, il t’appelle à grands cris et te rappelle, tu l’écoutes, et tu le vois, et tu es encore rebelle ? »
38 – Air, Amour Divin :
« Oh, d’une âme qui n’a pas de foi, comme les sens d’un coeur ingrat sont aveugles ! Du Ciel, qui est ton salut, tu n’as cure de l’éternel amour. »
39 – Récit, Madeleine :
« Dans le dangereux combat qui voit la palme de ma volonté hésitante aller contre les sens et combattre la raison, Ciel, que dois-je faire ? L’arbitre hésite, oh Dieu, entre deux extrêmes de joie et de contentements, de deuil et de repentir. »
40 – Trio
Madeleine : « Pensées, que dites-vous ? »
Amour Divin : « Il convient de te résoudre, en pleurant de briser les indignes chaines d’Amour. »
Amour Profane : « Il convient de te résoudre, en riant d’étreindre les douces chaines d’Amour. »
41 – Récit, Marthe :
« Confuse, irrésolue, Madeleine, pourquoi tardes-tu ? Ah, si la faux de la Mort, oh Dieu, ne t’épouvante pas, et si tu ne prêtes pas une oreille bienveillante à l’Amour Sacré, qu’au moins t’émeuvent les brûlures du ténébreux Enfer, qui entourent de langues de feu ta maison. »
42 – Air, Marthe :
« Prépare-toi aux épreuves insupportables des larmes, des gémissements, des spasmes, des frémissements. Dan le feu inextinguible du terrible Tartare tu souffriras parmi les Furies impitoyables. »
43 – Récit, Madeleine :
« Assez, O Cieux, assez : répandez-vous en mille et mille larmes mes yeux, perles humides. Et cependant qu’en une mer de douleur s’évanouit le coeur dissous, mon âme trouve un sauveteur et un port. »
44 – Air, Madeleine :
« Je commence à soupirer, à pleurer, repentie de mes fautes ; car seul un coeur impie perdu dans la douleur retourne à la vie. »
45 – Récit, Madeleine :
« Pompes fallacieuses et vaines, chaines précieuses, bijoux d’Orient, complices de mes fautes, cristal flatteur, je vous brise, et je vous déteste, je vous déchire, je vous abhorre, et je vous piétine. »
46 – Récit, Amour Divin :
«Que ces choses qui furent les lascives délices de ton péché, trésors maintenant méprisés à tes pieds, soient l’honneur éternel de ton âme repentie. »
47 – Air, Amour Divin :
« Pleure donc, que les étoiles n’ont pas plus de valeur que de si belles perles ; et tes cheveux, que tu relâches et se resplendissent sur l’Ether, sont un trésor inestimable. »
48 – Air, Amour Profane :
« Pleure donc, non plus belle et gentille, mais femme vile et sans grâce, qui, méprisant les joies de l’amour, aime seulement l’acerbe martyre du coeur. »
49 – Récit
Amour Profane : « Sous ces haillons déchirés, ta chevelure défaite, qui es-tu, femme malheureuse ? »
Madeleine : « Madeleine repentie et pécheresse. »
Amour Profane : « Ciel, tu ne veux pas laisser, en pleurant, ternir l’éclat de ton beau visage »
Madeleine : « J’amende, avec ces pleurs, la vacuité du rire. »
Amour Profane : « Tu te repentiras. »
Madeleine : « Je me repens, mais seulement d’avoir tellement retardé mon repentir. »
50 – Air, Madeleine :
« Constance, mes pensées, constance ! Venez, soupirs, venez, nourrissez cette âme d’une douce espérance. »
51 – Récit
Amour Profane : « Les épines sont donc plus douces pour toi que les roses ? »
Madeleine : « On n’atteint pas le sourire éternel en riant, et le chemin ouvert est seulement recouvert de givre dur. »
Amour Profane : « Et la fleur de ta beauté n’est donc plus, son plus beau rayon est donc éteint ? »
Madeleine : « Je m’envole dans les bras de la peine. »
Amour Profane : « Tu as vaincu, tu as vaincu. »
52 – Air, Marthe :
« Tendres soupirs, suaves martyrs, accompagnent seuls l’Amour Sacré. Bienheureux, sereins, ce sont les armes de sa rigueur. »
53 – Récit, Marthe : « Enfin disparait de ton sein l’occulte tromperie du Monde perfide, adulateur tyran. Désormais, avec des yeux humides, et les cheveux épars, tu cours dolente au pied de ton Seigneur en mendiant le pardon de chacune de tes erreurs ; car tu verras bientôt le Ciel dédaigné, se calmer, serein à tes prières. »
Madeleine :
« Oui, oui, je cours abreuver de pleurs amers les blessures de Jésus. Je les sécherai avec mes cheveux, les marquerai de mes baisers, je recouvrerai ses plaies des baumes les plus rares et les plus précieux ; que les soupirs incessants de ma repentance m’apporte le pardon, et rétablisse la paix avec mon Dieu offensé ».
54 – Duo
Madeleine : « Qui m’escortera vers le Dieu fait homme ? »
Marthe : « La foi. »
Madeleine : « Qui soutiendra mon âme ? »
Marthe : « L’espoir. »
Madeleine et Marthe : « Espérons le pardon, implorons la pitié. »
Marthe : « Qui incite au désir ? »
Madeleine : « L’ardeur. »
Marthe : « A qui confies-tu ton coeur ? »
Madeleine : « L’amour.»
Madeleine et Marthe : « L’amour qui répand la beauté de Dieu. »
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