En septembre 2021, Cristian Măcelaru succèdera à Emmanuel Krivine au poste de directeur musical de l'Orchestre National de France : occasion de faire le portrait du chef roumain autour de trois concerts à Cologne, Bucarest et Londres avec Dvořák, Bartók, Prokofiev et Mahler.
- Cristian Măcelaru Chef d’orchestre roumain (1980, Timișoara)
Cristian Măcelaru est né en Roumanie en décembre 1980, petit dernier d'une fratrie comptant 10 enfants, avec un père chef d'orchestre.
A l'âge de 9 ans, le jeune garçon prend de plein fouet la chute du "Rideau de fer" et la révolution de décembre 1989 qui aboutit à l'exécution du dictateur communiste Nicolae Ceaușescu et de son épouse. Une Révolution qui démarre justement à Timisoara, avec de gigantesques manifestations sur la place de la Révolution, juste devant l'opéra : c'est là que la partie populaire de cette Révolution a commencé, peu après la chute du Mur de Berlin.
Le concert #1
Un extrait du concert inaugural de Cristian Măcelaru avec l'Orchestre de la radio WDR de Cologne le 6 septembre 2019 à la Philharmonie de Cologne. Cristian Măcelaru a ainsi succédé au chef finlandais Jukka-Pekka Saraste qui avait dirigé cet orchestre pendant 9 années.
Antonín Dvořák (1841-1904) : Te Deum opus 103 (1892)
1. Te Deum laudamus. Allegro moderato, maestoso
2. Tu rex gloriae, Christe. Lento maestoso
3. Aeterna fac cum sanctis. Vivace
4. Dignare Domine. Lento
5. Benedicamus Patrem. Tempo I
Michael Nagy, baryton
Chœur de la Radio Bavaroise et Chœur de la radio WDR de Cologne préparés par Robert Blank
Orchestre de la Radio de Cologne dirigé par Cristian Măcelaru
L'enfance musicale de Cristian Măcelaru
Tout le monde dans ma famille jouait d'un instrument de musique ... et j'ai grandi en écoutant mes frères et mes sœurs jouer de la musique en permanence. Il y avait toujours une musique à écouter dans notre foyer, que ce soit en direct ou sous forme enregistrée. Et à force de toujours entendre quelqu'un jouer , c'est devenu une présence qui a influencé mes choix et mon désir de devenir musicien.
Nous avons beaucoup joué ensemble. Notamment mes premières tentatives d'écrire de la musique, en commençant par quelques petits arrangements, puis mes propres compositions - je me souviens de mon premier quatuor à cordes, nous l'avons créé ensemble dans notre salon. De même durant mes premières années où j'ai étudié la direction d'orchestre, j'en ai profité pour diriger mes sœurs, ce que j'ai trouvé magnifique et m'a beaucoup aidé.
Le concert #2
Concert donné le 3 novembre 2019 en la Salle de Concert Mihail Jora de la Radio Roumaine à Bucarest dans le cadre du festival Les héritiers de la musique roumaine
Béla Bartók (1881-1945) : Divertimento pour orchestre à cordes Sz.113 BB.118 (1939)
1. Allegro non troppo
2. Molto adagio
3. Allegro assai
Orchestre de Chambre Roumain dirigé par Cristian Măcelaru
Cristian Măcelaru musicien
J'aurais voulu devenir pianiste, le piano était mon instrument favori, mais mon père m'a expliqué quelque chose de très simple. Il m'a dit : "regarde, si tu joues du piano, tu seras toujours dépendant de l'instrument que l'on te donnera pour tes concerts. Au contraire, si tu joues du violon, tu pourras toujours emporter ton violon avec toi où que tu ailles." Je ne sais pas très bien pourquoi il aimait tant les violons. En tout cas, cela m'a réellement préparé à jouer dans un orchestre. Vous savez, plus de la moitié des musiciens dans un orchestre est constitué par la famille des cordes. Le fait de savoir comment fonctionne un instrument à cordes est tellement utile à un chef d'orchestre. Et je continue à penser que la manière la plus simple d'apprendre cela, est de le faire en jouant d'un instrument.
Départ pour les Etats-Unis
Ce n'était pas un projet que ma famille avait planifié. Je n'avais rien prévu à l'avance, c'était même presque une erreur car nous ignorions que j'allais partir pour une année entière. Je pensais m'être inscris pour un académie d'été, et il s'est avéré que j'avais été pris pour un programme d'études d'une année entière ! Mes parents ont été surpris, mais en même temps j'avais eu 17 ans, et ils m'ont dit que c'était la chance de ma vie, que je devrais y aller et voir de quoi il retournait. Je crois qu'ils avaient un peu peur, tout autant que moi-même.
Votre formation musicale aux Etats-Unis
La formation musicale qui m'a été dispensée aux Etats-Unis était vraiment excellente. Surtout parce qu'elle m'a ouvert de très nombreuses portes et fait rencontrer de formidables mentors. J'ai rencontré tout un tas d'incroyables musiciens qui ont modelé ma vie, je pense à la manière dont je pense la musique, et la manière dont je la comprends, et je pense que cela aurait été un peu difficile d'avoir la même expérience en Roumanie. Je pense que j'aurais eu un peu les mêmes expériences si j'étais resté en Europe, mais je suis très reconnaissant d'y être parvenu aux Etats-Unis. Où que j'aille, les gens m'ont donné le maximum d'opportunités et m'ont fait énormément confiance. Et j'ai pu mettre en pratique ce que j'ai appris, que ce soit en dirigeant, en composant, en jouant du violon : et de tout cela j'ai profité au maximum.
Devenir chef d'orchestre
J'ai toujours souhaité devenir chef d'orchestre, mais je n'ai jamais cru que je pourrais le faire parce que j'étais totalement concentré sur le violon et j'adorais jouer de cet instrument, j'adorais jouer son répertoire, j'adorais l'idée de jouer des solos avec orchestre, je me suis pleinement épanoui dans ma fonction de 1er violon solo. Et lorsque je suis arrivé aux Etats-Unis, j'ai rencontré un chef d'orchestre qui m'a beaucoup inspiré.
Le concert #3
Concert donné le 24 août 2019 à 18h30 (heure locale) au Royal Albert Hall de Londres dans le cadre du Festival Proms.
Serge Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour piano n°2 en sol mineur opus16 (1912-13)
1. Andantino
2. Scherzo. Vivace
3. Intermezzo. Allegro moderato
4. Finale. Allegro tempestoso
Seong-jin Cho, piano
Orchestre symphonique de la BBC dirigé par Cristian Măcelaru
Votre définition de la direction d'orchestre
Pour moi, diriger est une approche très philosophique de faire de la musique. Je dirais que la meilleure définition du métier ou du rôle du chef d'orchestre consiste à dépeindre la quintessence de ce que le compositeur tente de communiquer à travers la musique d'une manière à ce que l'orchestre puisse le comprendre très clairement.
Il me faut comprendre l'essence de ce qu'un compositeur cherchait à communiquer. (...) C'est ce que j'appelle l'essence de la musique, celle que je dois ensuite dépeindre aux musiciens, tout en créant une plateforme où ils soient à leur aise, qui leur permette de donner le meilleur d'eux-mêmes.
Votre travail avec l'Orchestre National de France
Les années importantes pour moi sont celles où j'étais en train de me former à la direction d'orchestre, et où donc Kurt Masur était directeur musical de l'ONF. Mais j'ai aussi entendu de nombreux enregistrements de l'ère Jean Martinon, et de tous les autres chefs comme Celibidache, Daniele Gatti, Maestro Krivine, et en écoutant tous ces enregistrements, j'essaie d'obtenir l'image la plus nette de ce que pourrait être mon rôle en poursuivant l'héritage de cet orchestre. (Traduction de l'anglais : Benjamin François)
Le concert #4
Concert donné le 6 septembre 2019 en la Philharmonie de Cologne
Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4 en sol majeur (1899-1900)
1. Bedächtig. Nicht eilen
2. In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast
3. Ruhevoll. (Poco adagio)
4. Sehr behaglich
Orchestre de la Radio de Cologne dirigé par Cristian Măcelaru
L'équipe
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