L'Italienne à Alger de Rossini au festival de Beaune

L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi
L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi - Benjamin François
L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi - Benjamin François
L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi - Benjamin François
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Lors de la 40ème édition du Festival de Beaune, Jean-Christophe Spinosi dirige l'Italienne à Alger, l'un des grands succès de Rossini, son premier véritable opéra bouffe, composé à Venise et qui remporta un triomphe lors de la première vénitienne puis dans toute l’Europe.

Gioacchino Rossini - Angelo Anelli

L'Italienne à Alger

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Dramma giocoso en deux actes créé le 22 mai 1813 à Venise.

Concert enregistré par France Musique le 23 juillet 2022 dans la cour des Hospices de Beaune dans le cadre de la 40ème édition du Festival international d'opéra baroque et romantique de Beaune.

Nouvelle production du Festival de Beaune.

Distribution de l'Italienne à Alger au Festival de Beaune :

Direction musicale : Jean-Christophe Spinosi

Isabella (mezzo-soprano) : Anna Goryachova
Lindoro (ténor) : Philippe Talbot
Taddeo (baryton) : Riccardo Novaro
Mustafà (basse) : Luigi de Donato
Elvira (soprano) : Gwendoline Blondeel
Zulma (contralto) : Margharita Maria Sala
Haly (baryton) : José Coca Loza

Orchestre Matheus
Choeur de chambre de Namur

Entracte :

Antonio Vivaldi
Concerto en ut majeur RV 556 (Per la solennita di San Lorenzo)
Direction : Jean-Christophe Spinosi
Ensemble Matheus
1996
PIERRE VERANY

Après-concert :

Antonio Vivaldi
Nisi dominus RV 608
Direction : Jean-Christophe Spinosi 
Philippe Jaroussky (contre-ténor)
Ensemble Matheus
2007
NAIVE

Argument de l'Italienne à Alger de Rossini :

Par Damien Colas

L'action se passe à Alger.

Acte I : Une petite salle attenante aux appartements du bey. Délaissée par son mari, Elvira passe sa journée à attendre un signe d'amour dans sa prison dorée. Les eunuques, gardiens du sérail, n'osent lui annoncer trop directement la mauvaise nouvelle. D'un moment à l'autre, elle sera répudiée. Survient le bey Mustafà, excédé par la gent féminine. Que faire de cette épouse dont la modestie et le constant souci de plaire à son mari l'ennuient à mourir ? Pour l'heure, il la congédie, car sa seule présence l'insupporte. Se retrouvant seule avec Haly, capitaine des corsaires algérois, le bey lui dévoile ses projets. Si une épouse aussi docile est banale pour un Turc, elle constituera plutôt une précieuse rareté pour un Italien. Elvira épousera donc Lindoro, jeune esclave retenu dans le palais. De son côté, Mustafà essaierait volontiers "pour passer un bon moment", une de ces fameuses Italiennes dont il entendu parler, qui rendent fous leurs prétendants. Haly a donc six jours pour lui procurer ce divertissement, sans quoi il sera empalé. De son côté, Lindoro laisse le temps passer en soupirant : quand reverra-t-il l'Italie, et sa bien-aimée Isabella ? Cela fait maintenant trois mois qu'il a été fait prisonnier. Le bey en personne vient troubler sa méditation mélancolique. Comme il l'aime bien, il veut lui donner une femme. Pris de court par une telle nouvelle, Lindoro ne sait comment refuser.

Une plage, et au loin, la mer. Une tempête a rejeté sur le littoral l'épave d'un navire qui a fait naufrage. Sur la plage, les corsaires s'apprêtent à piller les restes, marchandise et équipage. Le butin est de qualité. Il se trouve notamment une Italienne d'une beauté sans égale qui tombe à point nommé pour le caprice de Mustafà. En un moment d'abattement, Isabella évoque les périls encourus lors de son voyage entrepris pour retrouver Lindoro, mais elle se ressaisit bien vite. Quel que soit le danger qui peut venir des hommes, elle saura bien, par un simple regard ou un soupir, comment les dompter. Les corsaires surgissent de leur cachette, et la belle est aussitôt capturée, ainsi que son compatriote Taddeo. Ce dernier se désespère. Même s'il n'est pas très malin, il a tout compris. Ce Lindoro, soi-disant chevalier servant d'Isabella, fut en réalité son amant, avant que Taddeo n'obtienne cette place. Le ton monte entre les Italiens mais, face à l'adversité qu'ils devront affronter, ils trouvent plus raisonnable de rester amis et de ne pas se séparer. Ils se feront passer pour oncle et nièce.

La même petite salle qu'au début de l'acte. Mustafà précise ses intentions. Lindoro veut retourner en Italie ? Soit, mais à condition qu'il emmène avec lui l'épouse encombrante. Haly vient annoncer la capture d'esclaves italiens. Le bey triomphe. Le soir même, il sera débarrassé de sa femme, et aura goûté à des plaisirs érotiques bien plus excitants.

Une salle magnifiquement ornée. Pour l'accueil de la nouvelle esclave italienne, tout a été somptueusement préparé. Les eunuques en grand chœur chantent les mérites de la "méthode Mustafà". Apparaît enfin Isabella. Les Turcs perdent la voix devant une beauté aussi éblouissante. Un silence tendu s'installe, mais, apercevant Mustafà, ses moustaches et sa barbe inhabituelles, son étrange accoutrement oriental, Isabella est prise de fou rire. De son côté, Mustafà tombe immédiatement sous le charme. Reprenant son calme, Isabella commence une grande scène de séduction. Malheureusement, ce balourd de Taddeo vient tout compromettre, avant qu'Isabella ait pu obtenir quoi que ce soit. Le bey ordonne que l'intrus soit empalé, et il faudra qu'Isabella redouble d'adresse pour que son "oncle" échappe à une si triste fin. Mais l'entretien d'Isabella et Mustafà est à nouveau troublé par des importuns. Ce sont cette fois les trois bannis - Lindoro, Elvira et sa domestique Zulma - qui viennent saluer le bey. Isabella retrouve enfin Lindoro, mais au bras d'une femme turque. La comédie a assez duré. Elle prend les affaires en main, et rétablit les couples dans leur configuration originelle. Elvira restera avec Mustafà; quant à Lindoro, Isabella en fera son esclave. Devant pareille audace, tous les personnages restent interdits. L'espace d'un instant, ils perdent le sens commun, et leurs propos s'emballent comme un mécanisme d'horlogerie qui se détraque.

Acte II : La même petite salle qu'au premier acte. Les eunuques ne sont pas encore revenus de ce qui est arrivé à Mustafà. Bientôt reviendra l'heure de la revanche d'Elvira, à qui Zulma et Haly conseillent malgré tout de se montrer encore patiente. Le bey doit cependant recevoir l'Italienne, mais en tête-à-tête cette fois : ils prendront le café ensemble dans une demi-heure. Isabella et Lindoro se retrouvent seuls pour la première fois. Les soupçons d'infidélité rapidement dissipés, ils décident d'organiser leur fuite sans plus attendre. Poursuivi par Haly, Taddeo fuit désespérément. Mustafà le rassure : il ne sera pas empalé. Au contraire, le bey a considéré qu'il se devait d'honorer l'oncle de la femme qu'il courtise, et Taddeo sera promu au rang de "Kaïmakan". Arrivent déjà les Turcs en grand habit d'apparat. Taddeo revêt l'habit, le turban, et se ceint du cimeterre. Il se passerait bien de tant d'honneurs, mais, comme c'est le seul moyen d'échapper au pal, autant se soumettre aux désirs du prince, et se prêter aux salamecs accompagnant cette étrange cérémonie.

Appartement magnifique avec loggia sur la mer. Isabella s'habille à l'orientale, en vue de son rendez-vous galant. Cachées dans la pièce voisine, Elvira et Zulma pourront voir comment une femme se fait obéir. De leur côté, les trois soupirants - Mustafà, Lindoro, et Taddeo - observent la toilette de la belle et se pâment à ce spectacle. Mustafà n'en peut plus : qu'on passe tout de suite à la cérémonie du café. Une petite mise en scène est échafaudée. Sur le signal d'un éternuement de Mustafà, Taddeo devra s'éclipser pour les laisser seuls. Isabella entre. On lui présente le nouveau Kaïmakan. Après quelques civilités d'usage, Mustafà éternue discrètement. Taddeo, qui a parfaitement entendu, n'a aucune envie de quitter les lieux et choisit la résistance passive. Fort contrarié, Mustafà se contient tant qu'il peut, jusqu'à ce qu'Isabella convie Elvira à se joindre à la compagnie. Excédé, le bey congédie tout le monde.

La même petite salle qu'au début de l'acte. Haly médite sur les mésaventures de Mustafà : avec les Italiennes, les méthodes turques habituelles ne fonctionnent pas. C'est ce le bey, à l'évidence, est en train d'apprendre à ses dépens. Lindoro a trouvé en outre le moyen de le neutraliser tout à fait, en le faisant membre de la confrérie des "Pappataci". Ce titre, réservé aux amateurs du beau sexe, implique seulement quelques obligations : manger, dormir et boire. Les Turcs de la suite du bey seront mis hors de combat de façon moins subtile. Par l'intermédiaire de Zulma, Isabella leur a procuré de bonnes quantités d'alcool.

L'appartement magnifique avec vue sur la mer. Isabella a en outre obtenu de Mustafà la présence des Italiens pour la cérémonie d'intronisation du nouveau Pappataci. La moitié d'entre eux seront déguisés en Pappataci, les autres prépareront le vaisseau. La stratégie de fuite est clairement exposée. L'heure fatale approche, et Isabella rassemble les Italiens pour leur donner ses dernières consignes et les armer de courage. Connaissant la brutalité du bey, ils ne peuvent se permettre de faillir dans leur entreprise. Lindoro apparaît à la tête du chœur des Pappataci. Mustafà se dépouille de son costume oriental, et endosse les frusques de Pappataci, ainsi qu'une perruque. Président la cérémonie, Isabella demande à Mustafà de prêter serment. Devant témoins, Mustafà s'engage ainsi à "voir et ne pas voir, entendre et ne pas entendre... laisser faire et dire". Au serment fait suite le premier rite d'obédience : le récipiendaire, placé à table, est invité à manger, à boire et à se taire. Isabella vole dans les bras de Lindoro ; Mustafà, d'abord rebelle, ne tarde pas à se conformer aux règlements de la secte. Alors que sa conscience sombre dans la torpeur, il ne s'aperçoit même pas de l'approche du navire vénitien. Taddeo, se sentant trahi, essaie de réveiller le bey. Mais c'est trop tard. Ce dernier est déjà engourdi, et le benêt comprend vite qu'il a intérêt à prendre la fuite avec les deux amants. Lorsque Mustafà comprend enfin que les Italiens s'échappent, il n'est plus en état de lutter. Face aux fugitifs armés, les Turcs sont ivres morts. Contraint par la force plus que par la raison, Mustafà choisit alors de retourner à sa femme et de ne jamais plus entendre parler d'Italiennes.

© Avant-Scène Opéra

L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi
L'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi
- Benjamin François
L'invité du jour
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