Impossible d'aller prendre son train sans entendre quelques notes de piano. Plus d'une centaine de gares en France sont équipées d'un instrument. Un succès que la SNCF veut fêter avec un concours.
C'est devenu presque aussi familier que le fameux jingle de quatre notes de la SNCF, quand on entre dans une gare, c'est très souvent accompagné d'une mélodie lointaine perdue dans le brouhaha. La Marche turque de Mozart, les mélodies d'Amélie Poulain ou encore Skyfall d'Adèle, autant de tubes qu'on est presque sûr d'entendre à chaque fois qu'on va prendre le train.
C'est d'ailleurs ce que Pierre s'apprête à faire. Il attend son train en Gare de Lyon à Paris pour se rendre à Nîmes en écoutant, sourire aux lèvres, quelqu'un jouer un air jazzy. "C'est très détendant et ce jeune est vraiment bluffant! J'adore cette idée que les gens s'accordent une petite pause pour s'échapper du quotidien pour écouter quelqu'un ou jouer eux-mêmes ".
Les passagers, valise à roulette à la main, passent devant le piano. Certains ouvrent grand les yeux, surpris de découvrir un instrument dans un hall de gare, et de façon quasi systématique, c'est un sourire qui vient approuver l'idée de la SNCF. Tout a commencé il y a trois ans à la gare Montparnasse après un évènement quelconque où un piano a été laissé sur place quelques jours avant d'être repris. Pendant ce laps de temps, l'équipe de la direction s'est aperçu que les passagers se sont tout de suite appropriés l'instrument.
Se basant sur l'opération Play me I'm yours lancée par un artiste britannique dans plus de 45 villes du monde, la SNCF a entrepris d'installer quelques pianos dans des gares parisiennes. Trois ans après, ce sont près de 100 instruments qui résonnent dans les halls de gare de France.
Mais tout le monde n'a pas été tout de suite optimiste à la SNCF, comme le dévoile Eric Succab, directeur des gares de Lyon et de Bercy. "Nous avions peur que le piano soit détérioré, vandalisé. Nous n'osions pas le sortir de sa couverture de peur qu'on nous le vole. Mais au final, tout se passe admirablement bien. C'est un moment de détente et de partage que les usagers sont de plus en plus nombreux à apprécier ".
Léo, 18 ans, fait partie de ceux qui ont tout de suite adhéré au projet. Ce pianiste autodidacte joue au moins deux fois par semaine sur le piano d'une gare de Paris. Il a même tenu à faire le tour des différentes gares pour trouver le piano qui lui convient le mieux. Pour lui, c'est à la gare de Lyon et à celle d'Austerlitz. "Je ne suis pas souvent chez moi à cause de mes études et c'est très différent de jouer sur un vrai piano plutôt que sur un instrument numérique bas de gamme. Ici, je m'éclate et j'ai vraiment l'impression que les gens aiment mes compositions."
Les pianos attirent des gens aux profils très différents. Des hommes d'affaires en costume qui jouent pendant 5 minutes avant de courir prendre leur train, des jeunes en survêtement qui reprennent le dernier tube RNB à la mode ou encore des élèves qui viennent répéter une étude de Debussy, partition sur le pupitre. Des gens très différents qui à chaque fois attirent un petit groupe d'usagers autour d'eux.
Evidemment, l'atmosphère d'une gare n'est pas la plus propice à la bonne santé d'un piano. Un accordeur vient régler ou réparer quelques cordes cassées tous les deux à trois mois. Il faut dire que les instruments en bavent un peu avec les variations de températures, l'humidité ou ceux qui jouent très, très fort. Ce qui peut parfois excéder les commerçants dans le hall de la gare.
Ce qui est certain, c'est que le piano a totalement réussi sa reconversion en tant que mobilier urbain, plus d'une centaine de gares françaises en sont équipés. Et cela commence à faire des émules puisqu'on trouve des pianos même dans certains supermarchés.
La SNCF a lancé un concours national où tous les adeptes des pianos de gare sont invités à "venir créer un moment d'émotion" qu'ils devront filmer et poster sur des plateformes d'échange de vidéos.
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