Les architectes face au mur

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Au mois de juin, les architectes vont à la rencontre du public. Pendant deux weekends ils font visiter des habitats qu’ils ont construit ou réhabilité, dans le cadre de la 15ème édition des Journées d’Architecture à vivre. Et en même temps, certains ouvraient les portes de leurs cabinets. Un moyen de promouvoir une profession souvent assez mal connue, qui depuis quelques années est en mutation. Notre invité est Véronique Biau, Chercheur, architecte-Urbaniste de l’Etat, docteur en sociologie.

Les Journées d’Architecture à vivre ont été inventées en 2000, par quatre architectes qui voulaient démocratiser leur activité, perçue comme inaccessible par le public. Quel budget ? Quelles sont les démarches administratives à effectuer ? Ces journées permettent notamment de répondre à ces questions. Depuis plusieurs années elles sont coordonnées par Simon Jezequel. Il en explique l’objectif : « La démarche c’est la rencontre entre le grand public et l’architecte, pour la valorisation du métier mais aussi passer l’appréhension du grand créateur dans son bureau avec ses folles idées et son crayon. » Plusieurs appartements et maisons sont donc à visiter dans toute la France. L’ambiance est souvent conviviale, comme dans ce 50 mètres carrés dans le 18e arrondissement, rénové par l’atelier DCCP. L’architecte, Caroline Delolmo, offre à boire et à manger, tout en exposant son travail. Le lieu est très lumineux, on retrouve plusieurs jeux sur la transparence. Parmi les visiteurs, des architectes, qui représentent 30% du public de ces journées, de futurs clients également. Mais faire appel à un professionnel a un coût, et on rencontre donc surtout des particuliers, venus écouter quelques conseils, comme Alain :
« J’ai quelques projets à moyen terme et donc je viens rencontrer des architectes et des professionnels, chercher des idées … entre lire un magazine et parler directement avec un professionnel, des contraintes qu’il a rencontré, ça n'est pas la même chose. »

Ce genre de rénovation ne fait pas vivre l’agence. Pourtant, réhabiliter, penser un appartement permet à Caroline Delolmo d’exprimer l’aspect créatif de son métier :
« Clairement, des petits projets comme ça de rénovation ce n’est pas ce qui permet de faire tourner l’agence et de nous payer. Aujourd’hui on le prend comme une cour de récréation dans le sens où on n’a pas de règle auxquelles il faut répondre, alors que pour les gros marchés avec lesquels l’agence tourne, que ce soit logement social, collectif, gros promoteurs privés ou publics, c’est un florilège de contrainte sur tous les points. »

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Mais les appels d’offre sur les gros projets diminueraient, tandis que le nombre d’ateliers, lui, augmenterait. L’architecte parle d’une crise qui secoue le métier.

Par Sofia Anastasio

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