Visite de l'exposition Barockissimo avec les Arts Florissants au Centre national du Costume de scène à Moulins

France Musique
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A Moulins, dans l’Allier, le Centre national du Costume de Scène fête ses dix ans et consacre une grande exposition « Barockissimo » aux costumes de scène des Arts florissants. Reportage.

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Depuis plus de trente ans, le célèbre ensemble de musique baroque Les Arts Florissants, dirigé par William Christie, accorde une place particulière à l’habillement dans ses spectacles. L’exposition organisée par le Centre national du Costume de Scène propose 150 costumes qui proviennent d’une quinzaine de représentation des Arts Florissants.

La visite commence par la rencontre avec des personnages qui nous sont familiers : ceux du Malade imaginaire de Molière et de Marc-Antoine Charpentier. Dans cette salle, c’est également le premier tête-à-tête avec **William Christie, ** et son costume doré de musicien du Roi-Soleil. Le fondateur des Arts Florissants est l’un des rares chefs d’orchestre à se costumer, ce qui n’est guère étonnant selon la commissaire de l’exposition Catherine Massip, qui explique l’importance du vêtement dans les spectacles :

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« C’est pas toujours facile de raconter ces opéras, pas toujours facile, par exemple de raconter * Les Boréades. Mais si vous voyez que d’une part les gens qui suivent Apollon – c’est-à-dire le Bien – sont en blanc, et que ceux qui suivent Borée – c’est-à-dire qui sont un peu moins biens – sont en gris ou en noir, vous avez déjà compris beaucoup de ce qui se passe sur scène. Le metteur en scène, le coutumier, sont des passeurs indispensables dont le travail vient s’ajouter à celui de William Christie et des * Arts Florissants ».

illustration dossier barockissimo : les boréades
illustration dossier barockissimo : les boréades

Au cours de l’exposition *Barockissimo, * le visiteur est invité à parcourir une petite histoire de la musique baroque au travers des costumes et d’extraits vidéos des représentations des Arts Florissants. On peut ainsi admirer la richesse du répertoire que ces musiciens défendent : l’Italie de Monteverdi, la France de Lully et le très attendu Atys, mais également l’Angleterre et Purcell que William Christie affectionne particulièrement. Martine Kahane explique que derrière chaque costume, il y a non seulement un metteur en scène, un costumier, un interprète… mais aussi une histoire :

« Il y a un costume que j’aime bien, c’est celui du trio infernal des Parques dans * Hippolyte et Aricie. Quand cette production a été donnée pour la première fois à l’Opéra de Paris, un des artistes était non-voyant, et donc on l’a encadré avec les deux autres, tous les trois dans le même costume. La jupe était énorme, elle faisait 3m20, et les deux camarades conduisaient sur le plateau cet artiste non-voyant.* »

Costume des Parques dans Hippolyte et Aricie © Florent Giffard
Costume des Parques dans Hippolyte et Aricie © Florent Giffard

Cette exposition est un véritable hommage rendu au travail de William Christie, elle témoigne de la grande admiration et de l’amitié que portent les deux commissaires à l'artiste avec qui elles ont travaillé. Le chef d’orchestre était ému après avoir découvert l’exposition : « c’est une bonne partie de ma vie que j’ai vue devant moi en arrivant ici à Moulins, c’est-à-dire 30 ans de travail dans ce domaine lyrique, 30 ans d’opéras, de ballets, de collaborations avec les musiciens, mais également avec les metteurs en scène, les décorateurs, les costumiers, les chorégraphes… c’est comme la madeleine de Proust : vous voyez un costume, vous voyez la personne qui l’a habité, et vous vous souvenez de la réaction du public, son comportement. De voir ça se dérouler devant mes propres yeux, c’est impressionnant. »

Barockissimo illustre bien le renouveau apporté au genre par les Arts Florissants. La diversité des esthétiques de leurs spectacles et des atmosphères autour de la musique. Pendant la visite, les costumes d’époques, leur velours et leurs tulles dessinés par Patrice Cauchetier, se mêlent à ceux résolument modernes de Christian Lacroix ou inspirés de Christian Dior.

Cela représente une grande somme de travail, Martine Kahane et Catherine Massip connaissent très bien le travail des Arts Florissants, mais il a fallu retrouver les costumes, qui étaient parfois en très mauvais état pour ensuite les mettre en valeur, ce qui fut notamment le travail des deux scénographes de l’exposition, Simon de Tovar et Alain Batifoulier : « on travaille dans le prolongement de comment exposer le théâtre, qui est un monde éphémère, dont il reste peu de trace généralement, mais c’est le plaisir de les magnifier et de bien les présenter au public pour montrer que c’est chaque fois le résultat d’un grand travail ».

illustration dossier barockissimo : les indes galantes
illustration dossier barockissimo : les indes galantes

Le point d’honneur de cette exposition c’est la salle consacrée aux costumes des Indes Galantes de Rameau : le ton est résolument baroque, extravagant, avec des jeux de miroir, de panneaux de couleur, le tout, à la hauteur de la frénésie de l’opéra selon Martine Kahane, qui explique que cet opéra fut une « folie, dont l’œuvre ne doit rien à la logique mais tout au plaisir ».

L’exposition est à retrouver jusqu’au 18 septembre au Centre national du Costume de Scène. Le musée fête ses 10 ans et organise pour d’autres évènements, comme un bal costumé le 14 juillet, avec, au préalable, des cours de danse …

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